Interview Arthur Boorman : « vous pouvez changer votre vie »
Dans l'article précédent, je vous ai présenté le formidable parcours d'Arthur Boorman.
Aujourd'hui, j'ai le grand plaisir de partager mon interview avec Arthur ! :) Je sais qu'elle est un peu longue, mais franchement, son message est tellement inspirant que je n'ai pas réussi à couper plus l'interview... Vous allez rester scotchés du début à la fin. :)
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Transcription de la vidéo
Sandra : Merci beaucoup d'avoir accepté de m'accorder cette interview, votre histoire est très inspirante, mais je pense que vous le savez déjà.
Arthur Boorman : Je pense sincèrement que si je peux aider autrui, je n'hésiterai pas.
Sandra : Je n'en ai aucun doute, il y a tellement de personnes qui ont des problèmes de santé et qui ne font qu'écouter leurs médecins leur répéter qu'ils ne marcheront plus, qu'ils sont trop gros, etc.
Je pense que votre message principal est l'espoir que vous transmettez aux gens en leur faisant savoir qu'ils ne perdaient rien à essayer et qu'ils voient eux-mêmes les résultats.
Je vous remercie donc de partager votre expérience. Alors, on pourrait peut-être commencer... Je ne sais pas si ceux qui verront cette interview ont déjà vu l'autre vidéo, mais je ferai en sorte d'y inclure le lien pour ceux qui nous regardent.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre vie avant cette étonnante transformation? Comment c'était, comment vous vous sentiez, etc.
Arthur Boorman : Je vais être honnête avec vous, j'ai beaucoup souffert, physiquement. J'avais toujours mal, j'étais toujours fatigué, je n'en pouvais plus...
À part ça je ne m'en sortais pas trop mal. J'avais un travail que j'aimais, d'ailleurs je l'ai toujours et je continue à le faire, mais je le fais nettement mieux aujourd'hui. Je me levais... Je devrais vous décrire mes journées, vous comprendrez peut-être mieux la situation.
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Sandra: D'accord.
Arthur Boorman : Je devais me réveiller aux alentours de 5 heures du matin. Je devais...en fait, c'est ma femme qui m'aidait à me ressaisir avant de pouvoir m'habiller. Elle devait appliquer une crème sur mes jambes, un traitement local sur mes jambes plus précisément. Ensuite, je devais porter une gaine en coton et des compresses pour le bandage. Ensuite il fallait enfiler une gaine en néoprène sur la première gaine en coton puis resserrer le tout pour que ça soit bien en place. Il fallait ensuite enfiler une gaine en velcro à laquelle étaient attachées des sangles qu'il fallait également attacher. On devait tout refaire pour l'autre jambe.
Sandra : Cela vous prenait combien de temps?
Arthur Boorman : Environ une demi-heure.
Sandra : Waouh.
Arthur Boorman : Avant que je puisse me lever et commencer à bouger. Après je devais enfiler une ceinture dorsale et dessus je mettais des bretelles qui reliaient mon dos à la ceinture puis aux jambières. Ce n'est qu'après que je pouvais m'habiller, me raser, me brosser les dents, etc.
C'est ma femme qui me conduisait au boulot parce que je ne devais pas conduire, j'étais dans un sale état.
J'avais...vous savez ce que veut dire bariatrique?
Sandra : Bariatrique?
Arthur Boorman : Oui, pour les cas d’obésité morbide.
Sandra : Oui.
Arthur Boorman : J'avais des béquilles bariatriques et chacune pouvait supporter plus de 200 kilos. Je devais les utiliser pour me déplacer. Les ceintures étaient conçues pour être portées pour une durée de 2 à 3 heures, mais je les portais à 5 heures du matin et ne les enlevais qu'à 9 ou 10 heures du soir. Ce qui veut dire qu'à cause de la chaleur et de l'humidité la peau de mes jambes commençait à se nécroser même avec les crèmes et les bandages.
J'allais quand même travailler et en tant qu'enseignant spécialisé, je n'avais pas ma propre salle de classe. Je devais me déplacer avec mes béquilles, je devais porter mes fournitures scolaires d'une classe à l'autre.
Pendant les pauses, tous les étudiants changent de classe. Environ 2000 d'entre eux. Et je les croisais dans les couloirs avec mes béquilles... J'essayais de me déplacer en classe pendant les cours, je faisais de mon mieux pour accomplir mon travail, mais c'était physiquement épuisant.
Sandra : J'imagine!
Arthur Boorman : Je donnais aussi des cours particuliers, je devais aller chez les étudiants qui ne pouvaient pas aller à l'école à cause de problèmes médicaux, émotionnels ou psychologiques. J'enseignais jusqu'à 9 ou 10 heures du soir puis je rentrais.
Une fois rentré, je tombais de fatigue. Je ne m'asseyais pas, je m'effondrais sur une chaise.
Je restais là et ma femme... je ne pouvais plus bouger de cette chaise, ma femme me ramenait à manger, mes enfants me débarrassaient de mes affaires et de mes béquilles. Je mangeais, regardais un peu la télé puis allais dormir, mais pour ça, il fallait d'abord tout défaire.
Quand on avait fini de tout défaire, vous trouverez peut-être ça désagréable, mais puisque vous voulez savoir, sous la dernière gaine en néoprène, le coton et les compresses étaient trempés d'un mélange de peau nécrosée, de sueur et de sang. Il fallait parer tout ça, frotter les tissus morts et appliquer de la crème désinfectante dessus.
Ensuite j'essayais de dormir, mais souvent je me réveillais la nuit parce que je faisais des apnées du sommeil. Il fallait me mettre un appareil sur le visage pour forcer l'air vers les poumons. J'avais un appareil CPAP avec de l'oxygène et donc j'avais un masque facial avec de l'oxygène qu'on me mettait pour éviter une éventuelle asphyxie.
Sandra : Oui.
Arthur Boorman : Un jour je me suis évanoui dans une salle de classe devant les étudiants parce que je ne pouvais plus respirer. Dans une classe d'enfants handicapés. Je leur ai fait très peur et je n'en suis pas fier, mais je vous en fais part.
Ma santé laissait à désirer, mais c'était quelque chose que j'avais accepté, c'était mon quotidien et on me disait que je ne pouvais pas espérer mieux et que de toute façon, ça ne ferait qu'empirer lentement et incessamment jusqu'à ma mort.
Sandra : Combien de temps avez-vous vécu ainsi?
Arthur Boorman : Pendant 15 ans.
Sandra : C'est tout juste incroyable, j'ai vu la vidéo et je me suis dit comment est-ce possible, comment peut-on vivre comme ça? Comme est-ce possible que personne ne vous a aidé comme le prof de yoga…
Arthur Boorman: Je n’ai pas eu le choix…
Sandra : Oui bien sûr.
Arthur Boorman : On me disait que c'était ça et rien d'autre.
Sandra : Exactement, on croit à ce qu'on nous dit surtout quand cela vient d'un médecin donc forcément... Est-ce que vous vous rappelez à l'époque quel était votre poids et votre IMC? Juste pour avoir une idée…
Arthur Boorman : Pas mon IMC, mais j'en suis arrivé à peser environ 340 livres
Sandra : Donc vous en étiez à trois cents...
Arthur Boorman : 340 livres.
Sandra : L'équivalent de 154 kilos.
Arthur Boorman : Mais bon, comme je vous ai dit, j'en suis arrivé à accepter ce qui m'arrivait
parce que je ne pensais pas que ça pouvait aller mieux, vous trouverez peut-être ça drôle, mais j'avais l'habitude de prier, pas pour aller mieux, mais ma prière était très simple: je ne voulais pas mourir en conduisant parce que je ne voulais blesser personne et je ne voulais pas mourir dans une salle de classe devant des enfants qui en seraient traumatisés. J'espérais mourir dans mon sommeil.
Sandra : Vous n'aviez donc plus aucun espoir?
Arthur Boorman : Non... C'était comme ça tous les jours et c'était tout ce que j'avais.
Sandra : Est-ce que vous vous souvenez avoir essayé de faire quelque chose pour changer? Avez-vous fait des régimes ou de l’activité physique ?
Arthur Boorman : J'ai essayé de faire de l’exercice, mais j'étais beaucoup trop gros et ça ne marchait pas. J'ai essayé de m'affamer, mais personne ne peut se laisser mourir de faim sans que le cerveau et le corps ne prennent le dessus.
Sans une activité physique, un régime ne suffit pas et sans régime, l’activité physique vous fera manger plus donc les deux sont importants à avoir et ce qui est curieux c'est que j'ai essayé toutes ces bizarreries... un nutritionniste vous dit de prendre ces médicaments, un autre vous dit de prendre ces compléments alimentaires, ne mangez pas ceci, mangez cela, etc., mais la solution pour moi n'était pas plus difficile à trouver que les simples consignes d'un manuel scolaire.
Je mange des quantités raisonnables de nourriture, de produits aussi frais que possible, je mange beaucoup de légumes, je ne mange que les protéines dont j'ai besoin, je ne grignote pas beaucoup et voilà!
Je dois également respecter deux autres règles qui sont très simples: je ne mange que lorsque j'ai faim et autre chose qui est très simple aussi, j'évite la malbouffe.
Sandra : Donc vous ne mangez jamais de pizza, de hamburger...
Arthur Boorman : Non je ne mange jamais ça. Je ne mange pas chez Pizza Hut ou dans les restos des centres commerciaux ou chez Burger King ou Mac Donald, pas question.
Parfois je prépare mes propres repas. Je mange des pizzas, mais c'est toujours moi qui les prépare donc je sais ce qu'il y a dedans.
Sandra : Je vois, oui.
Arthur Boorman : Si je compte manger quelque chose, je dois m'assurer que c'est sain. Je n'irai pas acheter des frites, un Big Mac et un milk-shake, c'est hors de question et c'est tout ce qu'il y a de plus malsain. Dans les centres commerciaux, je ne mange jamais dans les restos et si je dois y passer toute la journée, j'emporte mon repas, je le laisse dans ma voiture et j'y retourne quand je dois manger. C'est un peu embêtant, mais ça vaut la peine.
Si vous faites vous-même à manger, vous savez ce qu'il y a dedans et comme je l'ai déjà dit, ça n'a rien de bien compliqué, il suffit de m'assurer que je mange sainement au lieu de manger... vous savez, les gens mangent beaucoup trop.
Sandra : Donc vous avez changé votre régime alimentaire, vous souvenez-vous du moment où vous avez décidé de changer de vie? Ou qu'il fallait changer de méthode?
Arthur Boorman : C'est drôle parce que ce moment n'a jamais eu lieu.
Sandra : D'accord.
Arthur Boorman : J'avais mal, j'avais très mal, surtout la nuit parce que je passais la journée à bouger mes bras et la partie supérieure de mon corps se raidissait et je n'avais presque aucune force abdominale alors je souffrais de spasmes musculaires et la douleur était insupportable, j'avais mal jusqu'aux os. C'était tellement atroce qu'il m'arrivait la nuit de me réveiller et d'aller à la salle de bain pour pousser mon dos, ma colonne lombaire, contre le mur en métal de la baignoire parce qu'il était froid et que j'essayais d'atténuer la douleur. Parfois j'avais tellement mal que je vomissais de douleur. C'était atroce. Et c'est ce qui m'avait poussé à changer.
Lorsque j'étais plus jeune, j'étais dans l'armée et c'est de là que viennent mes blessures ce qui est drôle c'est que je sortais avec une fille qui faisait du yoga à l'époque où c'était encore très peu connu, elle était passionnée de yoga et on allait ensemble au centre de loisirs de l'armée, on y allait pour faire du yoga.
À vrai dire j'y allais parce qu'elle y allait et pour passer du temps ensemble, mais elle a arrêté d'en faire puis on s'est séparé et j'ai continué les cours de yoga parce que ça faisait du bien à mon dos et que ça me faisait du bien à moi et à mon corps.
J'ai continué à en faire jusqu'à ce qu'on me transfère à une autre base où l'on ne proposait pas de cours compatibles avec mes horaires. Les cours de yoga se faisaient le matin et donc plus les mardis et jeudis soir, mais les lundis et mercredis matin donc je ne pouvais plus y aller. J'ai arrêté et je n'en ai plus fait, mais je m'en souvenais très bien et lorsque j'avais très mal au dos, que j'avais des nœuds partout je savais que j'avais besoin de faire du yoga pour apaiser mon dos parce que je me souviens qu'en fin de séance, on faisait de l'étirement et des rotations et je pensais que cela pouvait m'aider à supporter la douleur.
J'ai alors cherché un prof de yoga, mais personne ne voulait de moi parce que je ne pouvais rien faire. Comment pouvais-je faire du yoga alors que je ne pouvais même pas me tenir debout? J'avais du mal à rester assis convenablement alors personne ne voulait m'aider. Je suis même allé voir des centres de yoga, mais on m'a dit qu'on ne pouvait ni m'aider ni me référer à quelqu'un qui sache comment m'aider. J'étais désespéré et j'ai cherché sur le net et au cours de mes recherches, je m'en rappelle très bien, j'ai tapé "yoga et dos brisé", ce qui était totalement mon cas.
J'avais quelques vertèbres fracturées et une pseudarthrose, c'est lorsqu'une fracture ne se consolide pas convenablement. J'ai donc tapé "yoga et dos brisé" et j'ai lu l'histoire de Dallas Page. Je le connaissais, mais je ne savais pas qu'il s'était lui aussi blessé les disques intervertébraux et qu’il avait une blessure plus ou moins similaire à la mienne et qui avait eu un impact considérable sur sa colonne thoracique et lombaire.
Tout comme moi il avait plusieurs blessures, tout comme moi, on ne s'était jamais vraiment occupé de lui et tout comme moi on lui avait tout bonnement fermé toutes les portes au nez. Contrairement à moi il s'est mis au yoga et il a retrouvé l'usage de ses jambes et de son dos et a même remporté le championnat du monde poids-lourds après cette blessure. Je me suis dit qu'il fallait que je sache comment il s'y prenait alors j'ai encore cherché et j'ai trouvé qu'il avait des DVD que j'ai achetés et que j'ai commencé à utiliser.
Sandra : Alors, vous avez acheté ces DVD parce que vous étiez mal et que vous aviez du mal à bouger, espériez-vous un changement pareil? Y croyiez-vous? Les aviez-vous achetés pour ne pas vous sentir coupable de ne pas tenter ?
Arthur Boorman : J'espérais pouvoir mieux gérer la douleur, je ne cherchais pas à guérir ou à me remettre sur pied, je voulais juste avoir moins mal, j'espérais apprendre comment dormir la nuit, c'était mon seul objectif, je voulais juste dormir six heures d'affilée sans interruption, je ne demandais pas plus que six heures de sommeil ininterrompu. J'étais sous oxycodone, je l'ai essayé et ça me rendait léthargique, je ne pouvais plus rien faire, je n'arrivais plus à enseigner et si vous êtes enseignant spécialisé et que vous enseignez à des enfants handicapés, vous devez maîtriser parfaitement la situation, vous ne devez en aucun cas perdre le contrôle parce que vous avez pris trop de médicaments donc je ne prenais pas d'antidouleurs et je ne pouvais pas dormir la nuit et ça me tuait.
Mais j'avais décidé auparavant que quoi qu'il en soit, je devais être éveillé et conscient du monde autour de moi, je ne voulais pas me droguer, je ne pouvais tout simplement pas le faire. Je ne l'ai jamais fait et je n'allais pas commencer.
Mais bon comme je l'ai dit, je cherchais à mieux gérer la douleur.
Sandra : Vous rappelez-vous les obstacles les plus importants au début, à part votre poids et les douleurs? Quels étaient vos plus grands obstacles?
Arthur Boorman : J'en avais plusieurs. Mes amis et mes voisins me considéraient comme le joyeux gros bonhomme qui se dandine par-ci par-là, il se dandine le matin et fait signe à tout le monde puis se dandine encore le soir, ils ne pensaient pas que j'allais changer. Le changement fait peur aux gens et beaucoup d'entre eux n'y sont pas préparés parce que quand quelqu'un qu'ils connaissent change, ils se disent que si cette personne peut changer, eux-mêmes le peuvent alors ils se disent que ce changement ne durera pas longtemps et qu'ils ne devraient pas s'en préoccuper même si au fond, leur égo en est menacé parce que si quelqu'un d'autre est capable de changer, pourquoi ne le font-ils pas?
Il y avait un type à l'école qui avait 20 kilos de trop, j'en avais 45 de trop et j'ai perdu tellement de poids que je pesais moins que lui, mais il n'arrêtait pas de dire que ça ne durerait pas, qu'il était content pour moi, mais qu'il fallait que je garde à l'esprit que ça ne durerait pas, que personne ne pouvait perdre du poids définitivement. Parce que si je ne reprenais pas le poids que j'avais perdu, cela voudrait dire qu'il était responsable de son propre poids, cela voudrait dire que si j'ai réussi à changer, tout le monde peut changer, que si j'ai réussi à le faire tout le monde peut le faire sans exception.
Ce n'est pas parce que je suis meilleur, mais parce que je suis pire que tout le monde, je ne suis pas meilleur que quiconque, je suis bien pire que quiconque parce que je me suis laissé atteindre ce poids, mais vous savez quoi? J'ai choisi de ne pas vivre dans un corps que je ne contrôle pas.
Sandra : Donc les autres étaient une sorte d'obstacle parce qu'ils vous tiraient vers le bas...
Arthur Boorman : Je me fiais beaucoup trop aux avis de certaines figures d'autorité
Sandra : Pardon?
Arthur Boorman : Je me fiais à des figures d’autorité. C'était difficile. De nature je suis quelqu'un qui vit au sein de structures hiérarchiques donc je suis du genre
à tendre l'oreille lorsque quelqu'une figure d‘autorité dit quelque chose et à prendre leurs mots au pied de la lettre. Et donc lorsqu'un médecin me dit que je n'irai pas mieux, qu'il ne reste qu'à gérer la situation, à s'occuper de moi, à me donner des antidouleurs...
Sandra : Donc même lorsque vous avez commencé à changer, les médecins ne croyaient pas que vous pouviez le faire?
Arthur Boorman : La plupart n'y croyaient pas à l'exception de mon chiropraticien qui me disait: "qu'est-ce que vous faites?", je disais: "du yoga" et il me répondait: "n'arrêtez pas!" C'était le seul professionnel de la santé à y croire vraiment. J'avais plusieurs problèmes de dos et il disait toujours "quoique vous soyez en train de faire, votre dos est en train de s'améliorer, n'arrêtez pas de faire ce que vous faites, votre dos est en meilleure santé." C'était le seul à m'encourager.
Sandra : C'est incroyable.
Arthur Boorman : Le seul à m'avoir encouragé.
Sandra : Donc, les médecins ne vous encourageaient en rien, vos voisins et vos amis non plus, y avait-il autre chose qui vous empêchait d'évoluer?
Arthur Boorman : Les limites que m'imposait mon corps.
Sandra : Oui bien sûr.
Arthur Boorman : Mais ces limites étaient contrôlables, je pouvais m'y adapter et les dépasser.
Je devais penser à ce que je pouvais contrôler et à ce qui m'échappait. Je ne pouvais pas me permettre de vivre à l'intérieur d'un corps que je ne pouvais pas contrôler. Ce serait comme si je regardais par la fenêtre et que s'il faisait mauvais temps, je me disais que j'allais passer une mauvaise journée. Je ne peux pas faire ça ! Je dois maîtriser la situation. Je ne peux pas changer le temps, mais je peux changer ce que j'en pense, je ne peux pas changer les paroles de mon voisin ou l'avis de l’autre type à l'école, mais je peux changer ce que j'en pense, c'est ce que je peux maîtriser. Je maîtrise mes pensées, mes réactions, je contrôle ma respiration et c'est très important, je contrôle ce que je mange et ce que je consomme et lorsque je rentre chez moi, je ne contrôle pas le fait que je doive travailler tard la nuit et je ne contrôle pas encore le fait que je ne rentre pas du travail avant 8 heures du soir.
Je me réveille le matin à 5:35 et je rentre vers 8:30 le soir, ce n'est pas quelque chose que je peux contrôler. Mais je peux changer le fait qu'au lieu de m'effondrer sur une chaise et regarder la télé, je peux dérouler mon tapis et faire du yoga pendant une heure.
Le matin je me réveille et comme chaque matin, je prends mon tapis et je fais du yoga pendant 30 ou 45 minutes. Ce matin j'en ai fait pendant 1 heure et demi parce que c'est le weekend et j'ai plus de temps libre alors je ne me prive pas et je me donne le temps de plonger dans mes étirements. Je peux maîtriser tout ça, j'en ai le pouvoir et il en va de même pour vous et pour tout le monde.
Sandra : Oui.
Arthur Boorman : Ce sont ces petits détails, mais ce sont des détails que je contrôle et je choisis de leur donner un sens. Je choisis de penser qu'au lieu de me goinfrer de malbouffe aujourd'hui je vais me préparer une bonne petite salade au déjeuner. Je peux maîtriser ça, même si ça demande un peu plus de travail parce qu'on doit maîtriser ce que l'on peut maîtriser.
Sandra : Oui je pense que c'est message très important ! C’est la façon dont nous devons dépasser les obstacles de notre propre vie.
Arthur Boorman : Oui, ça ne s'arrête pas aux problèmes de poids.
Sandra : Oui, ça s'applique à tout. C'est nous qui décidons de nos émotions, je pense que c'est une attitude très importante à avoir. Vous souvenez-vous au cours de votre évolution de l'état d'esprit ? Parce que vous étiez quelqu'un qui acceptait une mort imminente vers un changement où vous choisissiez la façon dont vous perceviez les obstacles de votre vie, de votre santé, etc. Vous souvenez-vous d'un moment où vous étiez tenté de baisser les bras parce que vous n'en pouviez plus ou que vous vous sentiez misérable?
Arthur Boorman : Oui, ça m'est arrivé.
Sandra : Comment vous en êtes-vous sorti?
Arthur Boorman : Je travaille avec des enfants handicapés, c'est un métier avec ses hauts et ses bas, mais ses bas sont parfois durs à encaisser et vous ne vous en remettez pas facilement. Une fois, un de mes élèves... je vous épargne les détails, mais cet élève a fait quelque chose qui m'avait vraiment déconcerté et je suis rentré chez moi en remettant en question tout mon travail parce que je ne pouvais pas venir en aide à cet enfant et que j'avais failli prendre de très mauvaises décisions à l'époque. Mes élèves ne sont pas nombreux, mais je les vois tous les jours, je les connais bien, je connais leurs parents et leur vie familiale, je connais leurs problèmes et je tiens beaucoup à ses enfants. Si quelque chose leur arrive, ça me concerne. Si c'est quelque chose de positif, je fête ça, je suis sur un nuage. Si un malheur leur arrive, c'est terrible, mais je ne peux pas me permettre de m'empêtrer dedans parce que j'ai d'autres enfants dont je dois m'occuper. Si quelque chose arrive à l'un d'eux et que ça me fend le cœur, je ne dois pas oublier les besoins des autres, c'est mon devoir. Parfois j'ai envie d'étreindre cet enfant, de pleurer avec lui jusqu'à ce que les choses aillent mieux.. Et je le fais, on est humain ! Mais je reviens, et je continue à m'occuper de ces enfants parce que c'est mon travail et comme je vous l'ai dit, il faut savoir contrôler certaines choses même si c'est difficile et même si ce que l'on peut contrôler nous fait beaucoup de peine, mais après tout on est humaine.
Sandra : Donc avec tout ce que vous avez enduré, vous tenez le coup en vous disant que ce n'est qu'une mauvaise passe et qu'il faut continuer à avancer.
Arthur Boorman : Exactement.
Sandra : Et même si vous avez envie de tout laisser tomber, vous vous dites que demain est un autre jour et que vous recommencerez…
Arthur Boorman : Oui, comme je vous l'ai déjà dit et je le pense vraiment, c'est une lutte quotidienne. Mais les gens pensent que parce qu'ils me voient un peu partout, sur le net et à la télé… J’ai été dans pas mal de programmes télé...
Sandra : J'imagine!
Arthur Boorman : J'ai fait des pubs, j'ai tourné deux cours de sport, le deuxième sera bientôt disponible et les gens pensent que c'est dans la poche, que je serai toujours comme ça ! Mais ce n'est pas le cas, je peux basculer de nouveau en une semaine, je dois me battre tous les jours. Vous savez, cette vidéo a ses avantages et ses inconvénients. Ça a donné de l'espoir à beaucoup de gens et ça me pousse à me maintenir en forme, mais le seul problème c'est que cette vidéo a aussi quelques inconvénients. Je suis fier que ça ait permis à beaucoup de gens de reprendre espoir, mais beaucoup de personnes me demandent à moi de faire les choses pour eux. Je ne veux pas dire qu'ils me demandent de l'argent ou de faire quelque chose pour eux, mais ils s'attendent à ce que je dise les mots magiques qui feraient tout rentrer dans l'ordre.
« C'est quoi votre régime secret? » C'est la question qu'on me pose le plus souvent. Mon secret est très simple: de la "vraie" nourriture, des quantités raisonnables, des aliments frais, ne pas manger quand on n'a pas faim et pas de malbouffe.
Sandra : Et les gens s'étonnent, mais après tout, c'est ça, ce sont les principes de base.
Arthur Boorman : Je ne suis pas être expert en nutrition. Tout ce que j'en sais se trouve dans un manuel scolaire pour enfants. Je ne sais rien d’autre sur la nutrition que vous ne trouverez pas dans un manuel scolaire. Les bases d’une alimentation saine.
Si vous prenez les choses d'un point de vue économique ou financier, un bon contrôle des portions alimentaires me fait économiser de l'argent parce que la quantité que les gens prévoient pour un repas suffirait à m'en préparer 4 ou 5.
Ça ne demande qu'un peu de réflexion, de bon sens et de constance. C'est très important d'être assidu dans ce que l'on fait surtout lorsqu'on s'y habitue et qu'on le fait sans trop y réfléchir. Ce serait très difficile de concevoir mes séances d’activité physique ou ce que je dois faire tous les matins parce que quand je me réveille le matin, je suis encore un peu étourdi, mais je sais que j'ai déjà tout planifié la veille. Je sais où j’ai laissé mon tapis, je descends les escaliers à demi endormi, je prends mon tapis, je le déroule, j'allume mon lecteur DVD qui est déjà dans le lecteur. Je n’ai rien à faire, tout est déjà prêt et je commence ma séance de yoga.
Des fois je me dis « oh, bonjour ! » et je suis déjà en train de faire ma séance de yoga. Le moment où je suis vraiment conscient le matin c'est pendant ma séance de yoga. Donc, je fais tout pour éliminer toute probabilité d'échec, je programme tout pour pouvoir réussir.
Vous savez, lorsque vous avez un élève qui a beaucoup de difficultés, que vous lui donnez un tas de petits exercices à faire et que vous l'aidez à les accomplir, « super, tu as fait ça », « super, tu as sorti tes crayons de ton sac », « super, tu as tes crayons bien taillés », « super, tu as apporté ton cahier », « génial, tu as écrit ton nom comme il faut », toutes ces petites étapes sont importantes, « oh tu as tourné ta page, super ». Vous devez lui dire à chaque fois : « bien joué, bien joué, bien joué… » vous célébrez à chaque fois, à chaque étape. Vous assurez sa réussite à chaque étape. Donc c'est ce que j'ai fait pour moi, j'ai mis toutes les chances de mon côté en décomposant et programmant chaque étape pour l'accomplir progressivement.
Sandra : Quels ont été les facteurs décisifs de votre réussite? Qu'est-ce qui selon vous a eu une importance majeure dans votre succès?
Arthur Boorman : La constance. Je peux vous l'assurer. Et c'est grâce à mon travail que j'en ai conscience. L'élève qui réussit le mieux ce n'est pas celui qui a un niveau instable, mais celui qui trouve un juste milieu et qui le maintient, celui qui demeure constant jour après jour, pas celui qui « un jour fait ses devoirs et oups, oh c’est reparti, puis oups », « j’ai été très bon dans une tâche et j’ai échoué la tâche d’après », celui-là ne réussira pas. Celui qui sera constant réussira. Et donc j'ai dû être constant en plus de devoir reformuler les choses que je voulais atteindre. Je devais reconsidérer ma façon d'arriver à mon objectif. Si je disais à quelqu'un qu'il allait perdre 20 kilos en un an, cette personne ne me prendrait pas au sérieux. Si je lui demande de perdre 500 grammes par semaine, elle se sentirait probablement plus apte à le faire.
On reformule, on y réfléchit et on programme un plan à suivre. Il faut savoir aussi que perdre du poids n'est pas une progression linéaire, mais les gens ne conçoivent pas que le progrès soit sujet à une décroissance exponentielle. Vous voulez bien m'attendre une seconde?
Sandra : Oui bien sûr.
Arthur Boorman : Les gens pensent que... vous voyez? Les gens pensent que perdre du poids se fait de façon linéaire.
Sandra : Oui.
Arthur Boorman : Ils se trompent sur toute la ligne parce que ça se fait suivant une décroissance exponentielle. Au début j'ai perdu 45 kilos en 6 mois et durant les 6 mois suivants j'ai perdu environ 18 kilos, maintenant je m'estime heureux si je perds environ 3 kilos d'ici juin, ce qui revient à 500 grammes par mois parce que j'ai perdu tellement de poids et qu'il n'y a plus grand-chose à perdre. J'ai déjà réduit mon poids d'un peu plus que la moitié et je veux perdre encore plus de poids, mais c'est très difficile en ce moment parce qu'il ne me reste plus grand-chose à perdre. Je n'ai pas encore atteint mon objectif, mais je suis en forme, je me sens bien, je bouge confortablement, mais je peux encore m'améliorer. J'en suis à un point où cette amélioration demande beaucoup plus d'effort, c'est comme la loi des rendements décroissants comme je vous l'ai dit c'est une décroissance exponentielle et cela veut dire que je dois comprendre, accepter et continuer d'avancer avec cette idée en tête, ça fait partie de notre compréhension de ce qui se passe dans le corps humain.
Quand je dis qu'il faut reformuler l’objectif, je veux dire que les gens se fixent parfois des objectifs énormes, des milliers de personnes m'ont contacté après que cette vidéo ait fait le tour du net et dès qu'ils se rendent compte que je ne suis qu'une personne ordinaire, les gens m'envoient des emails et me posent des questions. J'ai dû répondre à des milliers d'emails ces dernières années et ce que j'ai remarqué c'est que les gens ont des besoins énormes qu'ils ne prennent jamais la peine de décomposer en objectifs gérables et c'est parce qu'ils ne prévoient pas des étapes intermédiaires, qu'ils n'y arrivent pas. Comment suis-je censé perdre 20 kilos ou 45 kilos en un an? Comment puis-je perdre assez de kilos pour mon mariage ou pour des retrouvailles?
Ceux qui réussissent sont capables de réduire leurs objectifs en petites étapes intermédiaires et même si ça ne vous semble pas très motivant de perdre 500 grammes par semaine, il faut vous dire que 500 grammes par semaine c'est quand même plus de 20 kilos par an. En plus, la plupart des gens qui se contenteront de perdre 500 grammes par semaine réussiront encore mieux qu'ils ne l'avaient prévu.
Là encore, la préparation vous garantit la réussite, si je vous dis de faire ceci et cela pour perdre 500 grammes et que vous perdez un kilo, vous vous direz « yeah ! j’ai réussi ! je suis sur la bonne voie ». Créer ces moments positifs vous aidera à faire face aux moments négatifs que vous aurez, car vous en aurez !
Ils sont généralement sous deux formes : les autres vous diront soit « je connais quelqu'un qui a perdu du poids, mais qui l'a vite repris » ou « personne n'arrive à perdre du poids une bonne fois pour toutes », ce genre d'idées reçues ! Ou alors, les gens vont vous dire : « vous méritez un jour de repos parce que vous vous en êtes bien sorti jusque-là ». Un jour de repos ?! Mais oseriez-vous offrir une bière à un alcoolique pour le récompenser d'avoir arrêté de boire? Parce que c'est exactement l'erreur que vous faites. Une personne souffrant d'un trouble alimentaire, c'est pire qu'un alcoolique ou un drogué parce que ceux-là peuvent « simplement » arrêter, mais une personne ayant un trouble alimentaire ne peut pas arrêter de manger. Si elle s'arrête, elle meurt-de-faim.
Il faut redéfinir entièrement notre perspective d'une activité quotidienne vitale.
Un drogué peut arrêter de se droguer, mais nous ne pouvons pas arrêter de manger. Donc nous devons reformuler l’objectif, nous devons changer d'objectifs, changer de méthode pour comprendre comment nous devons agir.
Sandra : Passons à une autre question, je sais que vous êtes encore en route vers votre objectif comme vous avez déjà dit… Mais, par rapport à la vidéo, c’est ce que les gens vous demandent, j’imagine… Combien de temps vous a-t-il fallu pour perdre autant de poids du début jusqu'au tournage de la vidéo par exemple?
Arthur Boorman : J'ai perdu 45 kilos durant les 6 premiers mois, environ 60 kilos durant la première année et environ 80 kilos durant les deux premières années. Je pèse dans les 70 kilos aujourd'hui.
Sandra : Vous avez acheté ces DVD il y a 3 ou 4 ans, c'est ça?
Arthur Boorman : Il y a 7 ans.
Sandra : Ah, d'accord.
Arthur Boorman : Pardon, ça doit faire 8 ans.
Sandra : OK, j'ai vu la vidéo il y a quelques mois, je savais qu'elle n'était pas si récente, mais je ne pensais pas que ça faisait si longtemps.
Arthur Boorman : Oui voilà, comme vous le voyez, je suis encore...
Sandra : En forme!
Arthur Boorman : Oui voilà merci. Mais le problème c'est que beaucoup de gens reprennent leurs mauvaises habitudes. Vous connaissez le programme américain de téléréalité
« The biggest loser »? C'est un concours de perte de poids
Sandra : Oui je vois.
Arthur Boorman : Des candidats sont réunis dans une sorte de camp isolé de la société
et concourent pour perdre du poids.
Sandra : Oui.
Arthur Boorman : 6 ou 7 mois après la fin de la compétition...
Sandra : Ils reprennent leur poids...
Arthur Boorman : Oui, ils reprennent tout le poids qu'ils ont perdu.
Sandra : Oui je vois.
Arthur Boorman : Ce n’est vraiment pas sain de perdre du poids de cette façon et je peux vous dire que ce programme montre de très mauvais exemples. J'ai perdu beaucoup plus de kilos que la plupart d'entre eux et je n'en ai rien repris.
Encore une fois, il s'agit de...
Sandra : De procéder par petites étapes.
Arthur Boorman : comprendre que c'est un processus qui s'étale sur toute une vie, on procède par étape et on n'arrête pas d'avancer.
Sandra : Oui, absolument. Donc physiquement, il n'y aucun doute que vous avez perdu considérablement du poids quand je pense à la personne que j’ai vu dans la vidéo et la personne que je vois maintenant ! Mais aviez-vous d'autres problèmes de santé ou des troubles psychologiques? Avez-vous réussi à vous débarrasser de certaines maladies depuis votre transformation?
Arthur Boorman : Je souffre toujours de neuropathie et c'est un cas plus ou moins sérieux de neuropathie périphérique où mon sens du toucher est diminué au niveau de mes mains et de mes pieds, ma peau ne me renvoie pas les sensations que je suis censé ressentir et en conséquence je me coupe et m'égratigne assez souvent sans m'en rendre compte et je dois donc être très prudent.
Sandra : Oui.
Arthur Boorman : Je souffre toujours de ce problème.
Sandra : Au début vous avez mentionné le masque à oxygène que vous utilisez pour respirer la nuit, vous l'avez toujours?
Arthur Boorman : Non, et je suis content de ne plus l'avoir. C'est un vrai défi et en plus je devais le nettoyer tous les matins et pour être honnête, c'est tout sauf joli...
Sandra : Oui j'imagine.
Arthur Boorman : C'est horrible.
Sandra : Aviez-vous des problèmes comme le diabète, par exemple, à l'époque? Parce que c'est assez fréquent...
Arthur Boorman : Aussi surprenant que ça puisse paraître, non je n'étais pas diabétique. J'étais prédiabétique, on me faisait des tests tous les mois, mais je n'ai jamais été diabétique.
Sandra : C'est bien.
Arthur Boorman : On me disait que j'étais prédiabétique, mais jamais que j'étais diabétique.
Sandra : Aviez-vous d'autres problèmes de santé qui ont complètement disparu? Vous parliez de votre respiration...
Arthur Boorman : Oui j'avais beaucoup de mal à respirer, mais c'est réglé maintenant, j'ai beaucoup plus d'énergie alors que je me sentais toujours fatigué et que j'avais toujours mal. Je gérais la douleur avec de l'oxycodone, aujourd'hui je prends parfois de l'ibuprofène ou des antidouleurs en vente libre, mais c'est tout. Parfois j'utilise des crèmes antiseptiques, mais c'est tout, je n'ai plus autant de problèmes.
Sandra : Qu'en est-il des problèmes psychologiques?
Arthur Boorman : J'étais très déprimé. Lorsqu'on est dans un tel état et qu'on a un travail assez délicat qui consiste à prendre soin d'autrui, vous traînez vos problèmes et les leurs. Et votre capacité à supporter leurs problèmes est intimement liée à votre capacité à supporter les vôtres. C'est en quelque sorte votre centre de gravité émotionnel, le poids affectif qui vous pèse et affecte votre capacité à aider les autres. Mais le fait d’avoir vécu tout ça m’aide beaucoup. Mes élèves me disent: « j'ai un handicap, que puis-je faire? » Je leur dit: « j'ai un handicap, voici ce que je peux faire, il ne faut pas que ça détruise votre vie ! Oui, vous avez un handicap ! Oui, c'est sérieux ! Oui, c'est réel ! Non, ça ne doit pas détruire votre vie ».
Vous l'acceptez, vous le comprenez, vous le redéfinissez, vous l'analysez, vous vous arrangez pour y arriver.
Sandra : Et vous y êtes arrivé et c'est incroyable.
Arthur Boorman : Je ne suis pas le seul.
Sandra : Oui, il n'y a pas que vous.
Arthur Boorman : Quiconque prend du recul pour y réfléchir peut trouver un moyen d'y arriver. Et je reprends toujours l'exemple de l'éducation spécialisée parce que c'est ainsi que ça fonctionne. Le groupe le plus important de personnes ayant un handicap qui affecte une ou plusieurs fonctions vitales et qui s'adaptent pour survivre est celui des élèves qui suivent une éducation spécialisée.
C'est un modèle qui fonctionne parce que ça s'est développé au fil du temps suite à beaucoup d'expériences et d'évaluations par les pairs sur des dizaines d'années. On a analysé ce qui marche et ce qui ne marche pas, écarté ce qui ne marche pas, adapté et promulgué ce qui marche et voilà, vous avez un modèle de réussite. Sincèrement je pense que les gens ont beaucoup plus besoin d'enseignants spécialisés que de thérapeutes.
C'est très difficile parce que c'est réaliste. Si vous dites à quelqu'un qu'il a un problème et que vous lui proposez une solution, il ne perdra pas son temps à se morfondre parce que ça ne l'avancera en rien et vous l'aiderez à avancer et évoluer. Vous lui fixez des objectifs que vous fractionnez en étapes mineures et que vous analysez pour en faire des buts. Vous déterminez ce qu'il devra faire chaque jour pour y arriver, vous modifierez ce qui devra être modifié pour y arriver et pour faire en sorte qu'il ne puisse que réussir. Vous trouverez un moyen de mesurer le problème jusqu'à ce qu'il n'en soit plus un.
Sandra : Je ne sais plus quoi dire après ce super message ! Votre histoire est tellement inspirante, enfin, pas votre histoire, mais votre vie ! C’est vraiment incroyable, vous êtes vraiment inspirant ! Je suis persuadée que beaucoup de personnes s’identifient à vous, à la personne que vous étiez ! J'espère que cette interview ainsi que la vidéo que vous avez partagée leur fera comprendre qu'ils peuvent contrôler ce qu'ils ressentent envers leur état de santé, leurs maladies et leur vie en général.
Arthur Boorman : J'espère ne pas être inspirant, j’espère être motivant ! L'inspiration vous conduirait à vous dire « oh, ça c’est moi ! », mais la motivation « oh, je vais bouger mon derrière et faire quelque chose pour y arriver ». Je veux inspirer personne ! Je veux motiver les gens.
Vous qui regardez cette interview, « salut, les gens en France !». Vous êtes capable de changer votre vie, ça fait partie de votre vie et vous pouvez contrôler ça. Vous pouvez engendrer un changement. Il suffit d'arrêter d'avoir peur, de se bouger et de faire ces changements. Cela peut vous paraître rude, mais c'est la vérité, on peut faire ce que l'on veut, et vivre comme on veut, ça veut dire que des fois on doit faire quelques choix difficiles, on doit se lever un peu plus tôt, et se coucher un peu plus tard, on ne doit pas perdre de temps devant la télé en buvant une bière et en fumant un mégot, on doit se décider à faire quelque chose.
Je connais quelqu'un qui voulait écrire un livre alors il a arrêté d'aller au cinéma et de faire la fête les weekends pour pouvoir écrire et c'est ce qu'il a fait et même si ça n'a pas marché comme il le voulait, pour le moment ! Ça ne change rien au fait qu'il l'ait écrit et qu'il se plie en quatre pour le promouvoir. Tout le monde peut le faire. Je connais une dame qui voulait apprendre à danser. Et devinez quoi, plutôt que de regarder la télé, elle est allée s'inscrire à un cours de danse. Ce n’était pas quelque chose d’impossible ! Elle devait avoir des chaussures avec des bouts en fer pour faire des claquettes, mais elle a appris à le faire et c'était quelque chose qu'elle voulait faire depuis toute petite!
On en parlait et je lui ai dit qu'il y avait un studio de danse et qu'elle devait y aller, elle savait qu’il y avait un studio de danse là bas et je ne faisais que lui rappeler qu'il était tout juste à deux pas. Je lui ai dit : « Hey, c’est juste là ! »
Il y a deux catégories de gens : ceux qui agissent et ceux qui ne font rien. Vous avez un type qui passe son temps à regarder des films de karaté et qui veut apprendre, apprendre et apprendre, mais qui reste tout le temps chez lui et vous avez un type qui a la cinquantaine et assez de courage pour enfiler un drôle d'uniforme et aller prendre des cours pour apprendre un art martial. Va-t-il devenir Chuck Norris ou Bruce Lee ? Non et il le sait très bien ! Mais vous savez quoi ? Il vit son rêve ! il a fait de son rêve une réalité. Mon ami, celui qui a écrit un bouquin de science-fiction, a fait de son rêve une réalité, il peut officiellement se proclamer écrivain de science-fiction.
Ce n'est pas la mer à boire et son rêve est devenu réalité. Vous pouvez le faire. Tout le monde peut le faire.
Je me disais que je pouvais peut-être remarcher. Était-ce trop demander? Je voulais marcher ! Je voulais vivre sans douleur et je l'ai fait. Tout le monde peut le faire. Tout ce que vous avez à faire, c’est de vous bouger, de changer les choses, de faire quelques sacrifices et d'y arriver.
C'est tout ce que j'ai à vous dire.
Sandra : Merci beaucoup Arthur, les mots me manquent pour vous remercier pour cette interview et pour le message que vous transmettez au monde entier grâce à la magie d'internet.
Arthur Boorman : Je suis ravi de vous venir en aide.
Sandra : J'apprécie vraiment que m'ayez accordé cette interview. Continuez à suivre vos rêves, car c’est pour cela que nous sommes dans ce monde. Merci beaucoup encore, vous êtes un exemple à suivre!
Arthur Boorman : oh, merci !
Vous pouvez voir mon analyse sur le succès d'Arthur en cliquant ici. Si vous écoutez cette interview, vous allez vite comprendre que sa réussite n'est pas due à une volonté de perdre du poids en soi et que le processus est bien plus global que l'effort de "manger-bouger"