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Interview « Accepter son corps » avec Audrey du blog : Big or not to big

Aujourd’hui j’ai le plaisir de vous présenter Audrey du blog « Big or not to big » qui nous raconte son histoire par rapport à son poids et l’acceptation de son corps !

Vous pouvez écouter l’interview en cliquant sur le bouton play (ci-dessus). Vous pouvez aussi télécharger l’interview en MP3 pour l’écouter n’importe où en cliquant ici.

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Interview Accepter son corps - Audrey - big or not to big

Sandra : Merci beaucoup d’avoir accepté de répondre à quelques questions concernant l’image de soi et l’acceptation de son corps. Donc, aujourd’hui, j’aimerais vous poser quelques questions par rapport à votre histoire, à votre vécu. Et peut être pour commencer, on pourrait justement partir sur cette histoire, est ce que vous avez toujours été « ronde » ? Est ce que vous avez pris du poids soudainement ? Comment tout ça s’est passé ? 

Audrey : Alors, en fait, moi dès toute petite je pense que j’avais déjà des prédispositions : J’étais une enfant relativement mince, mais j’avais quand même une charpente de base. Je n’étais pas une petite « maigrichonne ». Et en fait, mon surpoids s’est fait vraiment progressivement : ça a commencé dans l’enfance. Alors, je dirais un peu avant mon entrée à l’école primaire. Et c’est vraiment au fil des ans que les kilos se sont accumulés. Donc, j’ai fait des régimes enfant déjà on me considérait comme énorme, surtout le corps médical. Enfin, il me mettait déjà au régime. Donc, je pense que ça n’a pas aidé. Les régimes, surtout il y a 20 ans, c’était vraiment de la privation.

Sandra : Oui j’imagine.

Audrey : C’est-à-dire, on devait peser les aliments. Enfin, je trouve qu’on n’apprend pas aux enfants à bien manger. On les mets déjà dans un système de privation. Enfin, moi à mon époque, c’était comme ça. Et du coup au fil du temps les kilos ont commencé à s’accumuler. Ça s’est un petit peu accéléré à l’adolescence.

Sandra : D’accord.

Audrey : En fait, j’ai toujours été quand même relativement ronde. Enfin, petite, on ne peut pas dire que j’étais grosse. Mais, j’étais déjà ronde au collège, je commençais à être plus ronde que la moyenne de mes camarades et puis après ainsi de suite.

Sandra : D’accord. Du coup, c’est assez intéressant parce que c’est vrai qu’on parle rarement de régime à l’enfance. Est-ce que vous avez des souvenirs justement de ces moments de privation et éventuellement des conséquences que ça a eues par rapport à votre alimentation ? Est-ce que vous êtes passée de la restriction à après à une hyperphagie… ?

Audrey : Et bien voilà c’était un peu ça le truc. En fait, je me rappelle d’être allée notamment plusieurs fois à l’hôpital Necker pour ma prise de poids. Et je trouve qu’à l’époque en fait, on n’essayait pas de comprendre l’enfant, de comprendre vraiment ce qui se passait. C’est sûr que l’obésité est liée à la nourriture. Mais, pour moi pas que, il faudrait déjà commencer à comprendre l’enfant. Et je me souviens qu’effectivement une nutritionniste disait : « Il ne faut pas manger ci, il ne faut pas manger ça. Il faut faire un excès par semaine, si machin, truc bidule. » Enfin, je trouve que du coup, on ne m’apprenait pas forcément à bien manger. La nourriture ça devenait un peu mon ennemi en fait. C’est vrai que enfant des fois je culpabilisais énormément. Enfin, c’est surtout à l’adolescence aussi. Mais, oui j’ai fait des régimes et je pense que ça n’a pas aidé parce qu’on rentre effectivement dans un cycle de privation, frustration où après dès que ça lâche, on se jette sur tout ce qui est sucré, tous les aliments quoi. On se jette vraiment dessus quoi ! Je me souviens effectivement des régimes que moi que j’ai fait toute seule à l’adolescence, j’arrivais à tenir au début. Puis non après des fois j’avais même faim et du coup après voilà on se lâche.

Sandra : Quand vous avez craqué vous avez craqué pour de bon.

Audrey : Voilà, je ne faisais pas semblant.

Sandra : Mais après, c’est le problème des régimes restrictifs et évidemment il y avait un temps à l’enfance, déjà on en savait un petit peu moins de l’obésité effectivement on pensait que c’était que l’alimentation et que si on était un peu plus gros, c’est forcément parce qu’on mangeait trop et qu’on ne bougeait pas assez. Et heureusement que tout ça a un peu évolué…

Audrey : Oui voilà c’est vrai que je me dis peut être que par rapport à il y a vingt ans… Enfin, une fois, j’ai rencontré une femme dans un événement qui m’a dit qu’elle avait assisté à une conférence et qu’elle se rendait compte qu’envers son fils, elle adoptait des comportements de privation. Et là, elle a rencontré à une conférence des médecins qui ont dit « Oui maintenant, il faut prendre conscience qu’il ne faut pas fonctionner comme ça. »

Sandra : Exactement.

Audrey : Je pense que le surpoids, il y a aussi des fois un contexte familial aussi qui n’aide pas forcément. Donc, je pense que c’est vraiment un tout à prendre en compte quoi !

Sandra : C’est exactement ça. Alors, du coup, ça a commencé dès très jeune. Est-ce que vous vous rappelez justement au fil des années entre l’enfance jusqu’à aujourd’hui comment vous viviez le regard des autres ?

Audrey : Alors, étonnamment, j’en ai souffert à l’école primaire, au collège principalement en fait. C’est vraiment là où les enfants sont plus méchants que les autres, surtout que je me rends compte qu’à cette époque, j’étais vraiment ronde. Je n’étais pas grosse. J’étais peut être plus remplumée que mes camarades mais je n’étais vraiment pas grosse, j’avais des rondeurs. Et du coup, on me le faisait déjà sentir en fait. C’est vrai que je sortais un peu du cadre, quand je vois les photos de moi à 13 ans, je me dis : « Non en fait, j’étais « fine ». Je n’étais pas fine, fine fine mais… »

Sandra : Vous aviez des formes.

Audrey :                Enfin voilà. Il y avait des formes et ça déjà, dans le paysage, ça gênait un petit peu. Mais, j’ai pu peut être en souffrir au primaire, au collège. Puis, en fait, arrivant au lycée, c’était complètement l’inverse. Je me suis dit : « Et bien tans pis pour les autres, je vis pour moi et on ne va pas s’occuper de ce que les autres pensent, parce que sinon, on arrête de vivre. »

Sandra : Je pense que c’est un point important que vous touchez parce que souvent c’est ça, c’est que les personnes qui ont un excès de poids sont tellement focalisées sur le regard des autres dans certains contextes de vie que du coup, ils ne vivent plus. Donc, c’est assez intéressant de voir que finalement, j’ai peut être tellement souffert pendant le primaire et le collège qu’au lycée un peu à l’âge où on dit que les adolescents « se rebellent » un petit peu, (même si ce n’est pas vraiment ça), vous vous êtes dit et bien non, les autres tans pis pour eux. Je vis ma vie. C’est assez intéressant.

Et par rapport à vos amis plus proches et votre famille, est ce que vous avez senti justement aussi un peu le regard de votre entourage ou est ce que c’était plus facile déjà… ?

Audrey : Au niveau de mes amis en fait, ça n’a jamais vraiment posé problème parce que c’était mes amis, ils savaient comment j’étais enfin voilà, ils n’avaient pas honte de sortir avec moi comme des fois quand j’entends des histoires horribles où les amis ont honte de sortir… Non, ça je n’ai jamais connu ça, bien heureusement. Alors c’est sûr que peut être mes amis, sans faire exprès, ils faisaient des petites remarques où : «  J’avais une copine toute fine, toujours habillée à la dernière mode », voilà, des fois, il y avait des petites remarques sans faire exprès qui pouvaient blesser.

Après au niveau de ma famille, mes parents ont essayé de me faire maigrir mais plus au niveau santé. C’est vraiment une inquiétude niveau santé, ce qu’ils avaient parce que le physique pour eux, c’est annexe. C’était vraiment niveau santé. Avec mes frères ça se passait bien. Après, c’est vrai que aux repas de famille, honnêtement, l’ambiance devenait pesante et même encore maintenant, des fois, on se dit à presque 30 ans, les remarques, ce n’est pas bon pour ce que tu as. Arrête avec ça. Si tu continues, tu vas nous manger tout le plat et compagnie. Enfin, ça, c’était beaucoup plus blaisant vexant, parce que même encore maintenant ça arrive et je me dis « Si on ne peut pas faire un repas de famille en paix, ce n’est pas la peine.»

Sandra : Je comprends oui.

Audrey : Mais, de la part de mon entourage, enfin, mes parents, mes frères, pas de soucis. Après même ma famille, ça se passe très bien. Je pense qu’ils commencent à comprendre que de toute façon, ça ne sert à rien de me harceler, puisque ça fait 30 ans que je suis ronde, grosse. Donc, voilà, ce n’est pas en harcelant les gens que ça arrange les choses. Peut être, il faut essayer de comprendre les gens, et puis surtout – enfin, je pense qu’ils commencent à comprendre que moi en fait, mon surpoids je le vis juste très bien. C’est eux qui ont un problème avec ça et pas moi au final. C’est vrai en fait…

Sandra : J’aime particulièrement cette phrase. « C’est eux qui ont un problème avec mon poids et pas moi.» Je le noterai.

Audrey :                Non, mais c’est vrai. C’est ce que je remarque en fait, par exemple, j’ai fait une école d’esthétique, il y a une fille qui m’a regardée et elle me dit : « Je ne sais pas comment tu fais, je ne pourrais pas ». Je la regarde, je lui dis : « Si tu veux j’ai l’option de me tirer une balle mais bon, ça ne m’intéresse pas trop quoi.» En fait, c’était plus elle qui était gênée pour moi alors que moi au final, je l’accepte vraiment très bien !

Sandra : Je pense que c’est un des problèmes de la société. Ils essaient d’être empathiques ou ils essaient de « compatir » quelque chose qui ne devrait pas tout simplement. Du coup, il y avait certains commentaires comme celui de votre collègue pendant vos cours qui sont un peu décalés pour vous, mais pour elle cela a un sens.

Audrey : Je remarque souvent les gens qui ont ces réflexions-là en fait, ce sont des gens complexés parce que même au travail, j’ai des collègues qui sont peut être complexés par leur poids et qui du coup ne comprennent pas forcément que moi ça se passe vraiment très bien, qui des fois vont faire des remarques où je me dis : « Ce n’est pas son problème quoi ! »

C’est vraiment… En fait, j’ai l’impression que les gens en plus quand ils sont complexés, ils projettent ça sur les autres.

Sandra : Oui. C’est possible.

Audrey :                Cette collègue qui m’a dit ça en école d’esthétique avait tendance à être un petit peu ronde et se battait un petit peu contre ça. Donc, je pense que voilà elle projetait un petit peu ses complexes sur moi !

Sandra : C’est intéressant du coup de voir ça, puisque si on y pense, ça a du sens…

Et par rapport par exemple à vos histoires d’amour justement parce que souvent, on entend des histoires de personnes avec quelques kilos en trop qui disent « Moi quand j’étais jeune justement – les garçons ou les filles, ça dépend de la situation – je ne voulais pas… comme je ne me sentais pas bien dans ma peau, je n’arrivais pas…». Enfin bref, il y a énormément d’histoires différentes forcément. Il y a aussi des histoires d’amour, des vraies de vraies. Alors, vous, comment c’était ? Est-ce que vous pensiez que votre poids était un problème ou au contraire, vous l’avez très bien vécu et ça n’a pas posé souci à ce niveau là ?

Audrey : Moi, je dirais que ça a posé problème vraiment à l’adolescence ou préadolescence, 13, 14, 15 ans. C’est vrai que j’avais l’impression vraiment à cette époque là que mon poids était un problème pour ça. Dans le cadre scolaire en tous cas parce que quand je partais en colonie de vacances, ce n’était pas un problème. Ce n’était pas un problème. J’ai eu des petits copains pendant mes vacances, ça se passait très bien. Enfin, ils n’avaient pas de soucis avec ça. Mais, c’est vrai que vraiment tant que j’ai été en fait dans le circuit scolaire habituel, j’ai eu l’impression qu’effectivement mon surpoids posait problème parce qu’on se fichait de moi. Enfin il y avait des garçons qui me voyaient passer, ils disaient « la grosse » et tout. Bon, j’ai dû recaler de deux ou trois… Mais, vraiment, j’avais l’impression que ce n’était pas possible. Alors, qu’avec le recul, je me rends compte aussi que c’était moi qui mettais ces idées en tête parce qu’avec le recul, je me rends compte que oui certains garçons étaient sûrement intéressés par moi.

Enfin, avec le recul, on apprend à se dire « Mince, celui-là peut être que finalement, ça aurait pu donner quelque chose, voilà ». C’est vrai que je me rends compte des années après mais oui, à l’époque, je le vivais assez mal par rapport à ça. Mais, je pense que l’adolescence n’est pas non plus une période où on a tendance à se dire…

Sandra : C’est compliqué.

Audrey :  Oui, voilà, c’est compliqué puis surtout quand je voyais oui les petites minettes du lycée à la pointe de la mode, toutes fines et tout, qui effectivement sortaient souvent avec des garçons. Et que moi à côté, je me dis : « Mince, qu’est ce qui se passe ? » Et puis, avec le recul, non je me rends compte que qu’on soit mince ou ronde, ça peut arriver à tout le monde à l’adolescence, que j’avais des copines beaucoup plus fines que moi et qui étaient tout à fait « dans les standards », qui pareil galéraient aussi sentimentalement. Donc, je ne sais pas vraiment si c’est mon poids qui me posait obstacle ou moi-même tout simplement.

Sandra : Mais, c’est intéressant puisque je pense que ça arrive très souvent que les gens incarnent tellement leur poids qu’ils oublient tout le reste de leurs atouts et font un peu des sortes de blocage en se disant : « Et bien non de toute façon, je n’y arriverai jamais parce que je suis trop lourde, parce que je suis comme ci, parce que je suis comme ça », et se mettent des barrières mais dans plein d’aspects de la vie. Donc, ça peut être les histoires d’amour… Je pense qu’à l’adolescence, c’est très marquant… Mais par exemple, ça peut être aussi pendant la recherche d’un emploi où souvent les gens me disent mais de toute façon, je l’aurais pas cet emploi, j’y vais mais…Il y a tout un tas de choses à travailler avec les personnes qui manquent de confiance en elles et c’est assez intéressant de voir que vous avec le temps, vous allez remarquer que peut être que finalement, c’était bien vous par rapport aux histoires d’amour, que ce n’était pas forcément l’inverse, c’était les garçons mais peut être vous-même qui mettiez vos barrières en n’y croyant pas trop.

Audrey :                Oui, je pense que c’est un mélange des deux et effectivement mon poids devait gêner… C’est sûr que tout le monde n’apprécie pas forcément les rondes… Voilà, mais, je pense que oui il y a aussi une part de moi-même qui jouait envers ça… puis, bon, je n’étais pas forcément très avenante non plus à l’adolescence. Donc, tout ça mélangé…

Sandra : D’accord. Et par rapport aux photos, c’était comment justement à l’adolescence ? Est-ce que vous aimiez prendre des photos ? Est-ce que vous les évitiez ? Comment ça se passait ?

Audrey :  J’avoue qu’à l’adolescence effectivement, je n’aimais pas trop les photos, il me semble. Enfin, je n’ai pas un grand souvenir à part les photos avec des copines… Sinon j’ai le souvenir qu’effectivement les photos, enfin je n’aimais pas spécialement, peut-être, je n’étais pas encore tout à fait à l’aise. Je ne sais pas, ça me renvoyait l’image de mon corps que je n’imaginais pas forcément comme ça. Je me disais « mince », quand je voyais la photo,  « je suis aussi grosse que ça ?! ». Alors, que maintenant, c’est l’inverse en fait les photos. Heureusement parce que …

Sandra : Oui, c’est ça. C’est presque ironique.

Audrey :                Voilà, alors que maintenant voilà on nous prend en photos même des fois entre amis on se prend en photos, je vois la photo où ce n’est vraiment pas flatteur, j’en rigole !

Sandra : Enfin, on a tous des photos… Même les tops modèles, les supers canons, elles ont toutes des photos où on se dit « Oh lala ! Il faut la cacher ! » [Rire].

Audrey : Voilà. Je crois qu’on a tous… Voilà, autant à l’adolescence ça peut être le drame. Sinon, là maintenant, j’en rigole. Enfin, je vois des photos, je dis : « Mince, celle-là, ce n’est pas terrible. »

Sandra : Oui, je comprends. J’aurais pu aussi sortir un paquet de photos où je sentais ça. C’est assez rigolo. Alors, il y avait les photos et les séances de shopping. Du coup, je ne sais pas si vous aviez l’habitude de faire du shopping, à l’époque avec vos amies, est ce que vous y allez seule ? ou plutôt avec maman parce que c’est peut être plus un réconfort… ? Comment vous viviez les séances de shopping ?

Audrey :                Alors, moi j’habitais en compagne, donc, je faisais plus de shopping avec ma mère, puisqu’il fallait prendre la voiture, parce que moi je n’habitais pas près d’une grande ville, alors pour vraiment faire les centres commerciaux, il fallait faire un peu de kilomètres. Donc, c’était plus avec ma mère. Alors, c’est vrai qu’à l’époque, c’était déjà très compliqué quand même pour moi parce que tous les vêtements dans ma taille, ce n’était pas forcément des vêtements qui me plaisaient. C’est vrai qu’avant de faire le blog et de trouver tous les e-shops sur Internet, je m’habillais surtout avec ce que je trouvais. Donc, j’enviais énormément mes copines qui en trouvaient. Même je me souviens, je feuilletais le catalogue « la redoute », j’étais dégoutée parce que moi qui normalement aurait dû taper dans les lignes pour adolescentes, il n y avait pas ma taille. Alors, qu’ils avaient de supers jolies choses. Du coup, je le vivais assez mal parce que moi c’était directement chez les adultes, ça ne correspondait pas tellement à ce que j’aimais moi à l’époque.

Sandra : Forcément.

Audrey : Voilà.

Sandra : C’est peut être même pas coloré puisqu’il y a eu longtemps ce mythe d’habiller du noir et des couleurs foncées. Donc, j’imagine que…

Audrey : C’est vrai que j’ai des souvenirs quand même de mon dressing un petit peu avant, il y avait beaucoup de noir. C’est vrai que la couleur bon même moi peut être que je mettais aussi du noir parce que voilà j’avais l’impression que c’était mieux. Mais, je faisais de temps en temps du shopping avec mes copines, on allait en ville et j’allais rarement aux magasins parce que je savais que je n’allais pas trouver. C’est vrai qu’à l’époque… ça commence à remonter à 10 ou 15ans. À l’époque il y avait encore moins d’enseignes là où j’habitais mais MS mode pour les trouver, il fallait faire ¾ heure de route. Donc, c’était un peu compliqué. Après, j’allais à Camaieu, mais pareil en fait, quand je voyais des vêtements qui me plaisaient il n y avait pas forcément ma taille. Donc, je cherchais surtout ma taille. Et du coup, j’adorais faire le shopping, il m’arrivait de trouver plein de jolies choses.

Mais, c’est vrai que ce n’était pas aussi épanouissant que ça par rapport à d’autres copines qui trouvaient tout ce qu’elles voulaient. Je n’arrivais pas à trouver les vêtements vraiment que je voulais. Je voulais vraiment être bien comme mes copines à la mode et compagnie. Ça c’était un peu compliqué.

Sandra : Est-ce que du coup, cette situation avait un certain impact justement au niveau psychologique ? Est-ce que vous vous rappelez de ressentir certaines émotions par rapport à ça quand vous rentrez chez vous ?

Audrey :                Alors, pas forcément quand je rentrais chez moi. Mais, c’est vrai qu’au quotidien ; au lycée, enfin au collège. Bon, au début ça allait parce que j’avais un poids qui me permettait encore certaines limites, parce qu’à 11 ans, je ne tapais plus tellement dans les enfants, je tapais déjà chez les adolescents puis après chez les adultes tout simplement. Donc, c’est vrai que c’était un peu la frustration de ne pas être habillée comme les autres parce que du coup, ça crée encore plus un décalage en fait. C’est-à-dire que non seulement on a le surpoids qui se remarque et que les autres vont joyeusement s’amuser à taper sur ce point-là mais c’est qu’en plus, on n’est pas habillé comme on aimerait être, enfin comme les autres.

Sandra : On n’est pas à la mode comme les autres et…

Audrey : Voilà. Alors, c’est vrai qu’on est adolescent voilà, on a envie d’être habillé comme les autres. Je n’ai pas forcément envie d’être habillé comme tout le monde, mais je me souviens qu’à l’adolescence oui je voulais juste être habillée comme mes copines ou au moins à la mode quoi. Alors, que souvent j’arrivais à composer malgré tout. On arrivait à trouver des choses pas non plus trop ringardes. Mais, c’est vrai que ce n’était pas comme si… Enfin, je me souviens des copines qui allaient chez Jennifer et les autres magasins de l’époque, où tout le monde, où toutes les jeunes filles allaient. Et moi, je ne pouvais pas m’y habiller. Donc, ça c’était un peu la frustration quand j’allais dans les magasins, je ressortais les mains vides. C’est vrai ça n’aide pas à se sentir mieux quoi !

Sandra : C’est sûr, j’imagine bien. D’accord. Du coup, alors on va continuer un petit peu sur l’école parce qu’il y a le fameux sport à l’école… Les filles en général ne sont pas très fans. J’imagine que quand on a quelques kilos en trop, c’est souvent un peu vu comme l’ennemi de l’école, c’est le pire cours à faire. On n’aime pas ça. Est-ce que vous vous rappelez si vous, vous aimiez le sport ? Est-ce que vous préférez éviter ou vous essayez des excuses pour éviter ? Comment ça se passait ?

Audrey :                Alors, moi en fait, le sport, ce que je n’aimais pas du tout parce que j’adorais les sports collectifs, c’est-à-dire que quand on faisait du volley, du badminton, du hand-ball et tout, j’étais super contente de faire ça. J’ai d’ailleurs fait en parcours scolaire du tennis pendant pas mal de temps. J’adorais ce sport-là. Par contre, j’avais beaucoup plus de mal avec l’endurance. Oui, je ne suis pas très endurante. Tout ce qui était aussi gymnastique, parce que je n’étais vraiment pas douée, c’était une hantise ce truc. Et tout ce qui était athlétisme. Ça c’était…

Autant j’adorais les sports collectifs, ça en fait c’est vrai qu’on fonctionnait par tel mois, tel sport, et l’autre mois tel sport. Donc, quand c’était l’endurance, athlétisme et tout, ça, ça allait un peu moins… La gymnastique comme la poutre et tout, ça j’adorais. Mais, en fait, ce que je n’aimais pas dans le sport notamment c’était qu’il nous nous faisait passer devant tout le monde. Et ça c’était terrible. Enfin, moi je n’arrivais pas par exemple les barres. Je n’ai jamais réussi. Du coup, je refusais de passer, je me collais un zéro. Mais, je préférais ça plutôt que de passer devant tout le monde alors que je n’y arrivais pas.

D’ailleurs, je ne comprends pas trop ce truc de faire… On sait que l’enfant n’est pas à l’aise, on va le faire passer devant tout le monde. Enfin, je trouve ça stupide, comme l’endurance c’est bien d’en faire, mais je n’ai jamais compris l’intérêt d’en faire devant tout le monde. C’est surtout que du coup, en fait, on doit être au rythme de tout le monde. Or on n’a pas forcément le rythme de tout le monde. Je me rappelle des Cross par exemple, cette aberration les cross de toute façon où je finissais en marchant, Ça par contre, c’était vraiment un truc que je n’aimais pas du tout. On m’y forçait. Du coup, cela m’aidait encore moins alors que j’adorais vraiment tout ce qui était collectif, hand-ball, ça j’étais vraiment contente d’y aller.

Donc, ça dépendait vraiment du sport en fait.

Sandra : Du coup, ça laisse un bon message aux profs de sport qui nous écouteront par rapport à afficher les élèves un par un, je ne sais pas si entre temps, ça a changé.

Audrey : Je ne sais pas parce que je n’ai jamais compris ce truc. Je me rappelle qu’on se mettait tous aligné entrain de voir ce qu’il allait faire.

Sandra : Effectivement.

Audrey :                Pourtant, par exemple, la poutre j’aimais bien donc j’y passais. Mais, c’est quand même stressant. En plus, c’est malheureux à dire mais quand on est gros tout le monde va encore plus nous regarder parce qu’on n’attend que ça, c’est que le gros se casse la figure.

Sandra : Donc, c’est un bon motif pour rigoler, pour humilier.

Audrey :                Voilà, c’est surtout ça. Tout le monde attend ça pour se marrer ! Parce qu’évidemment, il y a des chuchotements : « Tu as vu la grosse machin ? » Enfin, surtout à cette époque-là où je n’étais pas meilleure que tout le monde mais voilà on tapait sur le premier truc venu et c’est vrai que faire passer les enfants… Enfin, on sait qu’ils sont en surpoids. On sait que c’est déjà une gêne pour eux et je ne comprends pas ce truc de les faire passer devant tout le monde, il va encore plus les paralyser alors que je suis sûre qu’on prendrait les enfants indépendamment en laissant les autres s’exercer ailleurs et bien ça irait beaucoup mieux.

Sandra : C’est vrai. Oui.

Audrey :                Il faut donner l’envie de faire du sport aussi à un enfant parce que moi ce n’est pas en me forçant à faire mon cross, les trois tours de terrain et puis à faire du saut en longueur qu’il va me faire apprécier le truc!

Sandra : C’est vrai. C’est assez important et j’espère que du coup, entre temps les cours ont changé.

Audrey :                C’est vrai que ça fait très longtemps… Je ne sais pas comment ça se passe maintenant… Par exemple, je me souviens qu’en terminal, on pouvait choisir nos sports et alors pour moi c’était génial parce que un trimestre, je faisais ça. Je faisais même la natation en maillot de bain devant tout le monde. Et en maillot de bain c’était une étape assez compliquée parce qu’en terminal, c’est pareil, les moqueries ça y allait, mais en fait, j’aimais tellement nager que ça ne me posait pas de problèmes.

Sandra : D’accord, oui c’est un peu comme ce que vous disiez au début c’est qu’au lycée, vous avez réussi à vous dire : « Et bien non les autres tans pis pour eux, je vis ma vie. »

Audrey :                Oui, voilà. Comme je l’ai dit : « Tu peux rigoler tant que tu veux, je m’en fou. Si tu n’as pas autre chose à faire de ta vie, tans pis pour toi. Au bout d’un moment, il faut que tu passes à quelque chose d’autre en 3 ans quand même. »

Sandra : C’est ça.

Audrey :                Je me souviens que la période de la seconde à la terminale, chaque fois je disais « Si, au bout de 3 ans si tu n’as pas évolué, réveille-toi, fin de l’histoire, ce n’est moi la perdante.»

Sandra : Alors, on vient de parler du sport et maintenant, il y a aussi l’alimentation. Donc, vous avez dit tout à l’heure que vous aviez fait des régimes, pendant cette phase où vous viviez mieux le regard des autres, est-ce que vous aviez fait quand même des régimes pour mieux vous accepter. Comment ça s’est passé ? Est-ce que vous avez eu les fameuses phases yoyo ? Est-ce que vous continuez à en faire aujourd’hui ? Comment ça se passe ?

Audrey :                Alors, en fait, les régimes, j’en ai fait pas mal étant enfant et vraiment au collège. Mais en fait, au lycée, j’ai vraiment commencé à m’accepter. C’est d’ailleurs assez dur de dire de se faire accepté, puisque ça doit être quelque chose de naturel.

Et du coup, les régimes, j’ai pu en faire un ou deux en second mais après ça s’est complètement arrêté, et le yoyo aussi. C’est-à-dire que quand des années je perdais 5 kilos, j’en prenais 10. Donc, l’addition au final c’est + 30 kilos au moins.

Et en fait, du moment où j’ai arrêté les régimes, du moment où j’ai arrêté de me prendre la tête avec la nourriture, à calculer tout ce que je mangeais, à me dire : « Oh lala. J’ai mangé un carré de chocolat, ce n’est pas bien mais demain, je ne mange que des pommes », je me suis stabilisée. C’est-à-dire qu’à l’heure aujourd’hui, je ne fais plus de régime, je mange des fois oui, je vais être invitée, je vais manger des apéros je vais en reprendre et tout. Et puis, chez moi je vais me réguler, parce que si je n’ai pas faim je ne mange pas et puis la semaine avec mon travail, ça me coupe relativement l’appétit. Donc, en fait, je me régule de moi-même au final.

Sandra : Je pense que c’est très important, ça c’est quelque chose que je dis souvent sur le blog c’est que quand les patients viennent me voir pour me dire : « Je veux maigrir, je veux maigrir, je veux maigrir ». La première chose que je leur dis, c’est : « D’accord. Mais d’abord, on va travailler sur l’image de soi. » Et les gens ils ont beaucoup de mal avec ça parce que souvent ils viennent avec l’idée : « Et bien non, il faut que je maigrisse pour m’accepter. » Quand c’est tout l’inverse. Et vous êtes encore la preuve de ça, c’est que à partir du moment qu’on s’accepte, on arrive au moins à stabiliser et parfois même à maigrir et c’est une étape super importante que bien sûr il y a quelques années on ne le savait pas. Mais, aujourd’hui, on sait que ça se passe comme ça, dans la plupart des cas en tous cas.

Donc, c’est assez intéressant. C’est super important. C’est un message très important. Du coup, par rapport à cette acceptation, ce fameux mot qu’on n’aime pas trop, parce que comme vous dites, ça devrait être naturel. Est-ce que vous vous rappelez qu’il y a eu un moment spécifique ? Est-ce que c’était vraiment au lycée ou un peu plus tôt ou un peu plus tard où vous vous êtes dit: « Stop ! A partir de maintenant, j’apprends à aimer mon corps. » ?

Audrey : J’ai l’impression que ça s’est fait assez naturellement. Je n’ai pas le souvenir d’un jour ou l’autre où je me suis dit « Stop ». Si au bout d’un moment, je crois que ça se faisait vraiment progressivement. Déjà le fait d’avoir pris du poids progressivement. C’est-à-dire, je ne me suis pas trouvée grosse du jour au lendemain, parce que des fois je sais qu’il y a des personnes qui vont en prendre, suite à un choc émotionnel ou tout ce que vous voulez, 30 kilos en un mois. Là, je pense que c’est extrêmement difficile ou avec une maladie de gérer le surpoids.

Or que moi, j’ai toujours vécu plus au moins avec. Donc, ça s’est fait progressivement… Et c’est vraiment surtout quand j’ai quitté le système scolaire, que ça s’est encore amélioré. Le système scolaire pour ça est assez terrible. Enfin, on nous rabâche relativement à longueur de journée. Il faut tous se ressembler parce que dès qu’on sort du lot, on est remarqué en fait, que ce soit au niveau vestimentaire ou quoi.

Sandra : Eh oui malheureusement. Ce n’est même plus une question seulement de poids, ça peut être tout et rien, à partir du moment qu’on est différent du reste de la classe ou des camarades d’école, que ce soit parce qu’on a une couleur différente, parce qu’on a du poids en plus, parce qu’on a une verrue sur le nez. On a toujours une bonne raison de moquerie, il y a toujours une bonne raison pour ça à l’école malheureusement, c’est pour ça qu’aujourd’hui le gouvernement essaie de sensibiliser un petit peu plus à l’école parce que c’est un vrai problème de santé publique, puisque comme vous dites pendant l’école c’est quand même une étape super importante de notre vie et ça reste le moment le plus difficile pour les jeunes de s’accepter s’ils ont effectivement quelque chose de différent de la plupart de leur classe.

Donc, du coup, ça s’est fait naturellement. Donc, ça c’est plutôt positif parce que c’est vrai que comme vous le dites parfois c’est plus, un jour quelqu’un qui va arriver et qui va dire : « Non, à partir d’aujourd’hui, c’est bon, j’en ai marre. Je veux que ça change.» Et qu’il y a un déclic. Il y a peut être rien eu de spécifique qui vous a motivé ou un déclic ?

Audrey : En déclic, en fait, si ça se trouve, j’en ai eu un, mais j’en n’ai pas le souvenir. C’est vrai que j’en n’ai vraiment pas le souvenir, parce que je pense que comme ça s’est fait progressivement. C’est vrai qu’après, je me suis un peu plus affirmé aussi. Alors, effectivement, même en sortant de l’école, j’ai travaillé dans le l’esthétique et mon surpoids, j’avais l’impression que ça gênait aussi.

Voilà, c’est un milieu où pareil, il ne faut pas trop dépasser le mètre carré. Mais, du coup, oui, je n’ai pas de souvenirs d’un déclic. C’est vrai que quand j’ai vraiment commencé à m’accepter, tout allait mieux. Et c’est peut être ça aussi qui aide quand on se rend compte qu’au final, c’est peut être aussi nous qui faisons beaucoup dans notre malheur. Déjà, le regard des autres, on perçoit beaucoup moins. Ça se trouve, on se fou de ma gueule dans la rue et tout, mais je ne me rends même pas compte en fait, je ne m’en préoccupe pas. Je me doute que ça arrive comme une fois. C’était une anecdote, je suis sortie du train en tutu. J’entends deux petites jeunes derrière se marrer. Puis, je vois le flash au sol, et donc, je me suis retournée et elles m’avaient pris en photo, donc, ça s’est assez mal passé pour elles. Mais voilà des petites anecdotes comme ça, ça m’atteint beaucoup moins que avant.

Sandra : Oui, et puis après, dans cet exemple spécifique, est-ce que c’était vraiment à cause de votre poids, ou est-ce que c’était juste le tutu parce qu’on n’est pas habitué encore une fois à quelque chose de différent ?

Audrey : Je pense que là, c’était vraiment la grosse en tutu en fait.

Sandra : Oui d’accord.

Audrey :                C’était vraiment ça parce qu’une grosse qui porte un tutu parce que c’est hyper volumineux. Donc, déjà, il se rajoute du volume, «  elle ne devrait pas oh lala ». Voilà, c’est vraiment ça. Je pense que c’est ça qui les a beaucoup perturbées, c’est qu’une grosse en tutu. Voilà, c’est surtout…

Sandra : C’est la fin du monde, ça fait un choc !

Audrey :                Voilà, ce n’était pas un truc dont ils ont l’habitude, on va dire. C’est pareil, il ne faut pas trop non plus sortir du cadre. Oui, je pense que c’était vraiment l’effet tutu de base. Mais, si ça aurait été une personne mince, je pense qu’elles n’auraient pas pu faire comme elles ont fait. Mais, ça c’est parce que je suis la grosse en tutu, ça fait bien rire.

Sandra : D’accord. Je vois. Et est ce que vous vous rappelez justement si vous aviez des petits astuces ou des petites stratégies pour vous accepter ou si pareil, c’est venu un peu naturellement ?

Audrey : Une astuce ?! Oui, c’est vrai. Je pense que c’est venu assez naturellement en fait, du moment qu’on apprend à relativiser, on se rend compte qu’on n’est pas moche. Enfin, qu’on arrive à se reconsidérer soi-même déjà. On s’en rend compte. Et puis, après, c’est peut être aussi le fait d’avoir des amis aussi, de commencer à faire une vraie bande d’amis, de longue date, je pense que cela aide pour la confiance, de grandir tout simplement, de commencer à sortir, de faire des rencontres. Voilà, ne pas s’enfermer en fait surtout pas.

Enfin, là, je pense – même si ce n’est pas évident de le faire- il ne faut surtout pas s’enfermer, d’aller vraiment dehors, de sortir même s’il y en a qui se fichent de nous, ce n’est pas grave. Il faut vivre ça vie ! Et ça aide vraiment beaucoup de sortir de ça, de se rendre compte que finalement, le monde ne s’arrête pas parce qu’on est sorti dehors. Et je pense que voilà, en faisant ça en fait, petit à petit ça redonne confiance. Puis, on se rend compte que finalement notre ennemi, c’est peut être nous aussi, parce que concrètement, enfin, je n’ai pas l’impression que les gens me remarquent plus que ça.

Sandra : Oui, c’est ça. C’est exactement ce que vous dites, c’est que le monde ne s’arrête pas. Chacun continue à vivre sa petite vie, qu’il ait un voisin comme ci ou comme ça finalement la vie continue donc c’est un message assez important. C’est assez inspirant. Je pense que les gens vont plutôt s’inspirer à se dire : « Oui, ce n’est pas faux. C’est moi qui arrête ma vie en restant enfermé chez moi, à ne pas sortir ». Mais, en fait, elle peut très bien continuer dehors.

Audrey :                Mais, oui, c’est hyper important ! Un exemple concret : moi je vais à la piscine à la plage, je me mets en maillot de bain, et honnêtement, je ne sens pas plus de regards que ça. J’ai l’impression que tout le monde s’en fou, même la dernière fois, c’était assez marrant, on avait un couple, alors lui, il est hyper bodybuildé, elle hyper pareil athlétique et tout. Et en fait, ils s’en fichaient complètement, il ne falloir pas penser que les gens… En fait, tout le monde vit sa vie. À la plage, il y a des gros, il y a des minces, il y a des grands, il y a des petits. Et en fait, quasiment personne ne se préoccupe… Alors, peut être si vous croisez une bande d’adolescents entrain de faire les malins sur leurs serviettes, oui peut être mais bon, au pire…

Sandra : Oui, après on revient à la grande discussion que les jeunes entre eux, enfin les enfants entre eux sont un peu cruels.

Audrey : Oui voilà et puis c’est une manière aussi je pense de faire face, de se rassurer tout simplement. Quand on se moque de quelqu’un ça nous rassure aussi de se dire : « Et bien oui. Moi je suis mieux. » Enfin, c’est un processus qui donne finalement confiance en soi.

Sandra : Oui, exactement c’est ça.

Audrey :                C’est vrai que même moi je me rends compte qu’au final les gens, je ne les regarde pas à la plage. Enfin, je ne vais pas me dire « Oh la la ! Celui-là, il est moche.» Voilà, on fait chacun sa vie. Et puis, moi je trouve qu’on a autre chose à faire en fait de juger les gens qu’on a à la plage, il vaut mieux passer un bon moment avec ses amis et sa famille et puis vivre sa vie.

Sandra : Je suis complètement d’accord. Du coup par rapport à votre blog, quand vous avez commencé votre blog, je ne sais pas exactement à quelle époque c’était – je n’arrive plus à me rappeler.

Audrey :                Il y a 6 ans et demi.

Sandra : Donc, votre blog s’appelle « Big or not big » pour préciser. Est ce que 6 ans et demi, donc à l’époque vous vous acceptiez déjà, est-ce que vous pensez que le blog justement vous a aidée encore plus à vous accepter ou non en fait, vous avez juste commencé une passion ?

Audrey :                En fait le blog effectivement bon je m’acceptais déjà à cette époque. Surtout – j’ai commencé à vouloir m’habiller avec mon style et les choses que j’aimais vraiment. J’en avais vraiment marre de mon dressing, c’était un peu la déprime. Je commençais quand même à rentrer dans l’âge adulte, j’ai commencé mon blog, j’avais 22 ans. Donc, j’étais relativement jeune, mais vraiment j’en avais marre de ça.

Je suis tombée sur des blogs d’autres filles rondes et je me suis dit « Ah putin ! » Enfin, oui, comme quoi on peut vraiment s’habiller et tout et ça, ça me plaisait. Du coup, j’ai ouvert mon blog, au début, c’était vraiment histoire de tester, c’était un petit laboratoire, essayer d’affirmer mes goûts et puis c’est là que j’ai commencé aussi à découvrir tous les e-shops. Je dirai que ça… Oui, ça a sûrement aidé aussi encore plus à l’acceptation de soi, c’est-à-dire qu’avant par exemple, je n’osais pas montrer mes genoux. Maintenant, je mets une robe courte l’été je m’en fiche, puisque déjà c’est beaucoup plus confortable, c’est agréable. Par exemple, il y a 6 an, je ne pouvais surement pas poser en maillot de bain sur mon blog, ça c’est quelque chose qui aurait été difficile, porter du moulant et tout. Je n’osais pas et tout. Donc, vraiment le blog a aidé pour ça. Et puis, en voyant en fait qu’on est dans ce système-là, on voit aussi d’autres femmes s’habiller avec du moulant et tout. Et finalement, plutôt que sans arrêt se faire matraquer la tête par les images qu’on voit dans les pubs et dans les magazines, et bien finalement on regarde d’autres sources d’inspiration qui ouvrent un peu l’ouverture.

Sandra : Je suis complètement d’accord oui. Enfin, moi personnellement c’est vrai que je n’ai jamais été une grosse suiveuse de blogs. [Rire] c’est depuis que j’ai créé le mien en mois d’août que je me suis dit : « Bon allez il faudrait quand même que je vois un petit peu ce qu’il y a dans le monde du blogging. » Et c’est là où je suis tombée justement sur les blogs, grande taille comme le votre entre autres. Je me suis dit : « Mais c’est super en fait.» parce que non seulement comme vous, vous dites vous avez un peu évolué, vous avez commencé à vous accepter encore un petit peu plus. Mais, en plus, vous montrez au reste du monde qu’on n’est pas obligé d’être comme les magazines classiques et être une super top modèle avec un corps super canon qui est souvent en plus photoshopé, qu’on peut à n’importe quelle taille puisqu’il y a vraiment plein de blogs avec plein de tailles différentes. Donc, je m’adresse même pas que aux grandes tailles spécifiquement, il y a toute une panoplie de tailles sur Internet et je me dis : « C’est quand même super génial. » C’est un des gros avantages à mon avis d’Internet et du monde de la mode de montrer aux gens que voilà qu’on peut être stylé, qu’on peut être sexy, qu’on peut être à la mode, etc. et qu’on n’a pas besoin de mettre du noir, des tee-shirts du mari ou des trucs du genre… C’est vraiment quelque chose qui m’a touchée. D’ailleurs quand je vous ai écrit ainsi qu’aux autres blogueuses au mois d’octobre, j’étais vraiment émue quand j’ai écrit mon mail, je me suis dit j’espère juste qu’elles vont me dire oui. Il faut vraiment montrer au monde que ces blogs existent, entre autres puisque je n’en ai cité qu’une dizaine je crois.

Mais il y en a encore tellement plus. Je me dis que c’est vraiment super. Et j’espère que les gens vont adhérer parce que on n’est pas comme les magazines et que même si on pèse 120 kilos et qu’on n’en pèse que 60, on n’a pas exactement le même corps que les magasines et que n’importe quelle femme, enfin difficilement, s’identifie aux magazines puisqu’on se dit de toute façon, même si on pèse 60 ou 70, 80 et pas 150, 120 ou 100, on se dit toujours « Oui, mais elle, elle est bien foutue.» Donc, finalement, c’est bien la preuve… Franchement merci pour votre travail puisque c’est un travail incroyable et maintenant que je blogue je me rends compte encore plus du travail derrière. Mais, c’est vraiment top.

Audrey  : Du coup, je trouve votre démarche aussi hyper intéressante parce que souvent enfin moi je lis de temps en temps. On dit des blogs de filles rondes, grosses, enfin, tout ce que vous voulez, qu’elles promeuvent l’obésité. Alors que pas du tout en fait, on ne promeut pas l’obésité, on ne va pas se dire « Viens dans notre monde, c’est super. » Non, ce qu’on promeut, c’est l’acceptation de soi et vous avez réussi à saisir ça et c’est hyper important puisque ce qu’on promeut nous, c’est le bien être et je pense que le bien être est un point essentiel de la démarche qu’on veuille perdre du poids pour soi, pour se sentir mieux, même si je pense que déjà qu’il faut faire un travail psychologique. Pour se sentir mieux aussi niveau santé et tout, je pense que la première étape c’est tout simplement s’aimer parce que je vois des témoignages de femmes rondes qui sont passées par des opérations qui se rendent compte qu’en fait elles ne s’acceptent pas plus en étant minces parce que déjà elles ont toujours l’image d’elles grosses et qu’elles se disent : « Finalement, oui il aurait peut être fallu commencer à soigner la tête ». Et du coup que vous ayez saisi que nous on ne promeut pas l’obésité en fait, on promeut juste le bien-être, être soi, s’aimer, c’est important et je trouve cette démarche intéressante, plutôt que comme on peut voir des fois : « Oui, mais les grosses elles s’exposent c’est promouvoir l’obésité pour qu’on dise que l’anorexie ce n’est pas bien et l’obésité c’est mieux. Alors, elles sont en mauvaise santé ». C’est incroyable le nombre de docteurs qu’on peut trouver sur Internet. Alors que ce n’est pas notre démarche. Du coup, vous avez réussi à saisir ça et bien c’est important aussi.

Sandra : Oui, mais je pense que la partie que les docteurs ne comprennent pas c’est que comme vous le dites, c’est qu’accepter son corps est une étape essentielle pour avoir une bonne santé. Après ça ne veut pas dire que je suis entrain de dire à mes patients… enfin, si j’ai un patient qui arrive et qui est en obésité morbide, qu’il a des diabètes, de l’arthrose et je ne sais pas quoi, forcément je vais travailler l’acceptation du corps, mais il faudra, aussi éventuellement, travailler la perte de poids et être accompagné médicalement.

Mais, il y aura forcément l’acceptation de son corps parce que sans ça… même pour aller faire du sport, même pour manger mieux, pour toutes les étapes, c’est une étape essentielle et obligée, à mon avis, que les gens doivent comprendre en fait. Donc, j’espère que j’y arriverai un jour. [Rire] Qu’on y arrivera tous ensemble.

Audrey :                J’espère aussi j’ai l’impression que maintenant ça commence à être mieux compris cette démarche-là, mais c’est vrai que ce n’est pas forcément évident.

Sandra : Tout ce qui est nouveau fait peur aux gens…

Et du coup, Est ce que vous vous rappelez quelque chose de spécifique là où vous vous êtes dit : « Ah oui le fait de m’accepter, ça a complètement changé ma vie»?

Audrey :                Déjà au niveau de soi, oui c’est vrai que ça a changé beaucoup de choses parce que tout simplement je me prive plus de beaucoup de choses, j’arrête de culpabiliser, je vais un peu plus dire « Va te faire voir. » Ce qui n’est pas plus mal non plus, même au niveau des relations comme on a parlé tout à l’heure – amoureuses, ça aide aussi. C’est-à-dire, j’ai même des ex compagnons qui m’ont dit : « En fait, au final on ne se rend même pas compte que t’es grosse. » Ils me disent : « Du coup, tu n’es pas du tout complexée. » Je dis : « Et bien non, c’est moi. » Ils me disent par rapport à ça : « Moi, j’ai connu une fille qui peut être mince mais qui est complexée tellement que ce n’était pas agréable à vivre. » Et du coup, les gens osent plus aussi, quand on s’accepte, je pense les gens vont plus aller vers nous. Ça aussi c’est bon pour notre égo. Les gens ne viennent pas forcément quand ils sentent qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Alors que quand on ose aller de l’avant et tout, les gens vont plus facilement à votre rencontre et c’est important, ça permet de vraiment nouer du contact. Donc, ça va vraiment beaucoup changer par rapport à ça.

Sandra : Je trouve que c’est important parce que c’est un peu un cercle vertueux et finalement on en revient au même, les gens viennent vers nous parce qu’on sort et ce n’est pas parce qu’on a quelques kilos en trop, même beaucoup de kilos en trop que ça va changer quelque chose. Et ça c’est quelque chose de très difficile parfois d’expliquer aux gens qui ne se sentent pas bien dans leur peau. Donc, merci de bien le re-souligner, parce que je pense que c’est important.

Alors, du coup, j’ai juste encore essentiellement deux petites questions. Donc, c’était des questions des lectrices de Habitudes Santé. Alors, j’ai un peu l’impression qu’il y a un peu cette préoccupation par rapport à la santé ou par rapport à quelques petits défauts physiques. Une des questions, c’était donc qui est dirigée vers vous « comment elle peut s’accepter ? Comment est ce qu’elle peut accepter son corps si elle a du mal à marcher, à parcourir des distances à pieds sans être essoufflée, de s’assoir et de prendre deux places… On a l’impression lorsqu’on est obèse, ce qui est mon cas, que tout nous paraît disproportionné. Bien à elle de s’accepter, il faut du courage. »

Alors, est ce que vous, vous avez eu cette sensation justement que vous vous sentez essoufflée, que c’est dur de s’asseoir parce que tout est disproportionné comme la lectrice nous dit ?

Audrey : C’est vrai que moi, même s’il y a des petites choses par exemple et bien oui je vais monter des marches, je vais être un petit peu plus essoufflée à la fin. Après, je n’ai jamais été une grande endurante même quand j’étais plus mince, ça je pense que ça se travaille en fait tout simplement. Après je dis ça, je ne suis pas non plus dans un stade d’obésité qui m’empêche de bouger. C’est vrai que je suis forte, mais j’arrive à bouger. J’ai d’ailleurs un métier assez physique. C’est-à-dire on doit marcher toute la journée, on doit porter des charges. Enfin voilà, il faut arriver à bouger.

Après, oui, des petits trucs par exemple, mon ventre me gênait un petit peu quand je dois lasser mes chaussures et tout. Mais, ce n’est pas de grands handicapes, ce n’est pas des handicaps qui m’empêchent de vivre et je pense que… Je parle…c’est vrai qu’effectivement, je ne suis pas dans le cas non plus où mon surpoids est tel qu’il m’empêche de bouger. Là, c’est vrai que je trouve ça dramatique parce que du coup, la moindre activité physique peut faire souffrir, et on s’enferme encore plus.

Alors, qu’au contraire en sortant, on entraîne son corps, on apprend à vivre avec. Alors, moi c’est pareil – comme je le disais – que je n’ai pas pris du poids du jour au lendemain, ça s’est fait progressivement. Donc, mon organisme s’habitue aussi à ça peut être progressivement. Je ne dis pas que c’est hyper bon non plus.

C’est vrai qu’il y a souvent cette préoccupation de la santé. La santé, c’est vrai que dès qu’on voit une personne obèse, on a l’impression qu’elle a tous les maux de la terre.

C’est vrai, dès qu’elle est obèse, souvent d’ailleurs les détracteurs des blogs rondes enfin des femmes rondes, des mannequins rondes comme Tess Munster, qui se prend énormément de remarques, alors que derrière les poses de photos, elle fait quand même du sport, sachant que même les mannequins de grande taille, elles conservent une certaine silhouette, elles ne peuvent pas se permettre de grossir justement par rapport aux marques.

Et donc, du coup, elles font quand même de l’entrainement. Moi, mon surpoids en fait ne m’empêche pas de vivre. Je pense que si – c’est peut être facile pour moi de dire ça – Mais, je pense qu’il y a aussi une part de psychologie. C’est-à-dire que si des gens en surpoids ont dit : « Je ne vais pas y arriver » et bien on va se bloquer, si on se focalise là, alors que c’est sûr cet été faire de la randonnée dans le cantal, un petit peu en montagne, c’était assez difficile.

J’admets que j’ai un peu galéré mais après, je ne suis pas habituée à la randonnée, c’est pareil, je pense qu’il y a aussi une question d’habitude.

Sandra : Bien sûr tout le monde, je peux vous dire que même moi, qui a un IMC normal, si je vais faire de la randonnée pendant des heures et des heures, je serai essoufflée puisque justement comme vous le dites, on n’a pas l’habitude donc si ce n’est pas quelque chose qu’on fait assez fréquemment, peu importe l’IMC, qu’on soit maigre, moyen, gros, surpoids, obèse, peu importe, l’endurance ça se travaille.

Audrey :                Oui, voilà, c’est comme beaucoup de choses effectivement ça se travaille alors c’est vrai comme je le disais, moi mon surpoids ne m’empêche pas de bouger. Je ne fais pas aussi de mon surpoids le centre de ma vie, c’est-à-dire que quand je sors en fait, je ne me vois pas comme une grosse avant tout. Je le sais, je vis avec, je le sais et ça ne me pose pas de problèmes.

Dans ma vie de tous les jours, mon surpoids n’est pas un handicape alors c’est vrai que après pour les personnes qui sont vraiment handicapées de ce surpoids, ça peut devenir très compliqué d’aimer ce corps qui nous fait souffrir. Moi, il ne me fait pas énormément souffrir. Donc, du coup, c’est peut être un peu facile pour moi de dire ça. Après, c’est vrai que – comme je le disais – oui vraiment mon surpoids ce n’est pas ce que je mets au premier plan et je ne m’empêche pas de bouger. C’est-à-dire que quand on va en vacances, je ne vais pas dire : « Et bien non il ne faut pas aller là parce qu’il faut faire ci je ne vais pas y arriver. »

Sandra : Oui, je pense que c’est quelque chose de très important, on repart sur le psychologique et le mental toujours importants dans cette acceptation du corps. Du coup, la deuxième lectrice ça ressemble un petit peu… Elle nous demande : « J’aimerais savoir comment on fait pour accepter son corps physique quand on a des varices, des vergetures, des bosses de graisses, des tâches brunes et qu’il y a en plus des maladies souffrantes ? » Donc, les maladies souffrantes on les écarte puisque vous nous avez déjà dit que vous n’en avez pas. Mais, si éventuellement il y a le reste des petits défauts de peau, est ce que vous pensez que ça peut être un problème justement pour accepter son corps ou il faut juste apprendre à vivre avec. Est-ce que vous avez des astuces par rapport à ça justement ? C’est la question comment vous faites ?

Audrey :                Alors, moi je pars du principe que la perfection, ça n’existe pas que dans les magazines, on nous présente, partout dans la publicité, dans les magasins, dans les affiches de pub à la télé, on nous présente des gens minces. Donc, du coup, on est habitué à voir tout le temps des gens minces et on se sent hors norme. Alors que l’être humain pour moi est de morphologie diverse, il va y avoir des personnes très minces, minces, des rondes, des grosses, enfin voilà.

Et surtout on nous présente toujours des peaux hyper lissées, c’est limite si on voit le grain de peau, enfin c’est surnaturel en fait. C’est-à-dire que ça n’existe pas hormis derrière le clic de la souris, ça n’existe pas ! Vous pouvez avoir la plus jolie peau du monde, pour moi la peau a des défauts.

Par exemple, Kate Moss avait fait scandale, elle qui est très mince, dans un défilé, parce qu’on voyait sa cellulite en dessous des fesses ! Voilà, enfin, j’avais trouvé ça aberrant ou alors un mannequin récemment, on lui a dit qu’elle était très grosse, alors qu’elle est toute fine ! Et je pars du principe que cette perfection n’existe pas. Ce qu’on voit ce n’est pas réel, la réalité est toute autre. La réalité chez moi, oui j’avais des vergetures, alors avant je ne les aimais pas trop effectivement, quand j’étais adolescente, je mettais des crèmes de vergetures comme pas possible, alors que maintenant en fait c’est comme si elles n’existaient pas. C’est vraiment comme si elles n’existaient pas, je ne dis pas que j’aime toutes les parties de mon corps, je n’aime pas spécialement mon ventre mais comme tout le monde en fait, on ne peut pas tout avoir. On a tous des idéaux dans la tête qu’on ne peut pas forcément atteindre. Le fait d’avoir des vergetures et tout, pour moi c’est mon parcours, ça fait partie de ma vie, c’est mon corps. S’il n’avait pas ces imperfections-là ça ne serait pas mon corps. Ça fait partie de son histoire.

Je trouve ça beau en fait personnellement un corps qui existe, je trouve que la perfection est assez fade et un peu sans intérêt en fait. Je trouve ça un petit peu sans intérêt. C’est plus beau. Je trouve que ça dégage plus de charme un corps qui a vécu. Voilà chacun a ses petits défauts que ce soit…. parce qu’on parle de vergeture et tout ou, mais les femmes minces aussi ont de la cellulite et tout. On se focalise effectivement sur les personnes rondes parce qu’elles ont tendance à peut être plus en avoir mais c’est des défauts qui existent chez tout le monde et même chez les hommes. D’ailleurs, il y a beaucoup moins de pression chez les hommes. Il y a peu d’hommes qui vont mettre des crèmes anti-vergetures.

Sandra : C’est vrai complètement vrai. C’est quelque chose que nous les femmes, on ne s’en rend pas compte, on imagine que c’est que nous et que si on a ce petit bout de viande en trop ou la petite vergeture ou la ride ou je ne sais pas quoi, c’est la catastrophe, c’est la fin du monde et comme vous dites chacun a une histoire, notre peau a une histoire, on a tous un petit quelque chose. C’est comme ça quoi.

D’accord. Du coup, juste pour terminer, est ce que vous avez des conseils ? Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui n’aime pas son corps, voire même le déteste, pour apprendre à l’aimer ?

Audrey : Alors, c’est vrai que moi je pense que dès la première étape en fait, il faut s’isoler vraiment des parasites qu’on a autour, les gens qui vont se moquer de nous, les gens qui – sous prétexte de vouloir vous aider – vont vous enfoncer plutôt qu’autre chose, des conseils des amis qui ne le sent pas en fait qui sont juste là pour vous enfoncer, il faut les oublier. Il faut vraiment apprendre à se reconsidérer soi-même et je pense, enfin moi, c’est vrai que j’aime beaucoup la mode pour ça, ce qui a permis de s’exprimer, et je trouve que se chuchoter c’est un bon moyen de se reconnecter avec soi. Des fois j’ai souvent conseillé des lectrices qui justement me demandaient « Mais moi je n’y arrive pas, comment tu fais ? »Moi, je n’ai pas de recette miracle parce qu’on a un parcours qui est propre comme je le disais par rapport à la dame qui me demandait comment je faisais alors que je suis essoufflée, si je suis essoufflée et tout.

Moi, c’est vrai, je n’ai pas forcément ces handicapes-là. Mon corps je n’en souffre pas. Je sais que pour certains dans le cas de maladies et tout, oui le corps devient vraiment un ennemi et ça qu’on soit mince ou ronde, le corps peut devenir un ennemi s’il nous fait souffrir. Moi, c’est vrai que ce n’est pas vraiment le cas. Donc, vraiment mon conseil, c’est aussi de se recentrer sur soi, de se faire du bien à soi. Moi je conseille déjà de prendre du temps rien que pour soi, ça fait du bien.

Sandra : C’est important.

Audrey : Voilà, se reconnecter – je ne sais pas – peut être un petit exemple qui peut être idiot, par exemple faire une soirée chez soi, se faire un masque de beauté, prendre soin de ses cheveux, prendre soin de son corps et tout. Et aussi tout simplement, se regarder, ne pas fuir le miroir. C’est-à-dire même se regarder nu, beaucoup de gens évitent ce reflet-là.

Sandra : Mmh.. mmh.. C’est vrai, qu’il y a des gens qui nous disent en consultation. « Moi ça fait – je ne sais pas 10 ans ou 5 ans – que je n’ai plus de miroir à la maison ou alors que je l’ai mis dans une pièce juste pour le reste de ma famille. » Il y a énormément de gens…

Audrey :                C’est vrai que le reflet du miroir, moi aussi je l’ai fuit à un moment, je n’aimais pas forcément mon reflet, mais maintenant en fait non, il est chez moi, je passe devant, je me regarde vite fait avant de partir au travail et puis voilà. C’est vraiment en fait oui oser se regarder aussi, parce qu’on a l’impression qu’on est moche, qu’on est vraiment la pire erreur que la terre n’ait jamais porté alors que pas du tout. C’est vraiment important et puis, je vois aussi. Enfin, moi aussi je l’ai faite via mon blog, mais les séances photos, je vois souvent des femmes et des hommes aller chez un photographe et se prendre en photos parce que des fois même, voilà il faut oser, mais poser nu ou…rien que pour ça en fait, savoir se regarder, juste se regarder.

J’ai choisi l’exemple de se regarder nu dans le miroir parce que c’est quelque chose qu’on n’ose pas forcément faire mais apprivoiser ce corps et le connaître, c’est hyper important parce que moins on voudra le voir, plus on en fera un ennemi. Si on ne connait pas son corps, c’est un petit peu malheureux en fait de passer à côté des richesses et arrêter de se focaliser en fait sur ces défauts et surtout revoir aussi nos atouts parce que je pense que tout le monde, enfin, je ne connais personne qui n’a aucun atout.

Sandra : Exactement ! En tous cas, merci beaucoup, je pense que c’est des conseils importants, c’est des petits conseils, des petites astuces basiques qui peuvent changer toute une vie. Donc, maintenant il ne reste plus qu’aux lecteurs, enfin aux personnes qui vont écouter cette interview, de les impliquer dans leur quotidien. Donc, merci énormément Audrey, d’avoir accepté cette interview, c’était très intéressant plein de conseils pour apprendre à aimer son corps. Donc, voilà, je ne sais pas si vous voulez avez quelque chose à ajouter avant de terminer ?

Audrey :                Je pense que j’ai un peu tout dit. Alors, je le répète, moi j’ai un parcours qui m’est propre. C’est-à-dire que je ne suis pas passée par les souffrances que d’autres personnes ont pu avoir, puisque finalement, je n’ai pas trop souffert de mon surpoids. C’était « facile » pour moi, puisque même si j’ai eu des moqueries, qui n’en a pas eu ?! Pour certains c’était ses lunettes, l’autre c’était son appareil dentaire. Enfin, voilà. C’est vrai que mon surpoids ne m’empêche pas de vivre, mon surpoids ne m’empêche pas de faire des rencontres aussi amicales qu’amoureuses, parce que je suis actuellement avec quelqu’un et ça ne me pose pas de problèmes. Ça, ça ne me perturbe pas d’autres mesures que quand je suis célibataire ou quoi. Du coup, c’est vrai que je n’ai pas le même vécu que tout le monde. Alors, je sais que pour certaines personnes, ça peut être beaucoup plus difficile.

Sandra : Bien sûr.

Audrey :                Voilà, parce que des fois comme la personne le signal, il y a des maladies souffrantes lié à l’obésité. Mais, je pense que vraiment c’est important de se recentrer sur soi et de travailler le bien-être psychologique avant de vouloir soigner le physique parce que la psychologie joue énormément sur le physique, c’est-à-dire rien que la prise de poids. Enfin, quand je ne me sentais pas forcément bien, la première chose à faire c’est aller descendre le frigo. Il y a des personnes qui vont être boulimiques ou hyperphagique, pourquoi ?! parce que ça c’est beaucoup dans le mental, tout comme l’anorexie c’est dans le mental.

Donc, je pense qu’effectivement, il y a beaucoup de choses liées au mental et malgré la société, enfin les personnes qui tendent à dire que l’obésité c’est juste une question de nourriture « Oh la la ! Le gros, il va encore s’empiffrer au McDonald’s ». Alors que bien souvent les gros vont moins au McDonald’s des fois. C’est vrai qu’on ne met sur l’obésité que la nourriture, alors que pour moi il y a autre chose que la nourriture, c’est un symptôme, ce n’est pas la maladie en elle-même en fait. C’est vraiment la psychologie qui joue. D’ailleurs, hyper important que l’état se préoccupe enfin de l’harcèlement scolaire puisque combien de gamins arrivent même à mettre fin à leurs jours, tellement ça devient difficile. Donc, quand on est gros, et qu’on se fiche de soi toute la journée, et bien qu’est ce qu’on va faire et bien on va s’enfermer, on ne va plus oser sortir, il y’en a qui trouvent refuge dans les jeux et ils s’enferment complètement dans la nourriture et compagnie. Alors, qu’on aurait pu éviter tout ça en prenant ces gens par la main et en leur disant « Viens avec moi, je vais t’aider et puis, ce n’est pas en se fichant d’eux que ça va s’arranger. »

Enfin, à un moment, c’est vrai que Tess Munster prend énormément de critiques, parce que c’est une mannequin obèse qui ose poser, qui ose se montrer en sous-vêtements, oh la la ça choque tout le monde. Oh la la c’est dégoutant et tout. C’est vrai que la pauvre, je me dis qu’elle a quand même les épaules solides ou alors elle a décidé d’ignorer les commentaires tellement on voit des abominations oui je pense que vraiment en fait, c’est d’abord la psychologie qu’il faut soigner. Comme je vous disais les personne se met au régime, elle ne s’aime pas forcément plus après.

Alors, évidemment il y a la santé. On ne nie pas du tout le côté santé. On sait que l’obésité peut avoir des conséquences. Là aussi, il faut quand même avoir … on ne dit pas oh la la, c’est la fête, non, ce n’est pas du tout ça. Moi je ne promeus pas ça non plus. Par contre, pour avoir le bien-être, je pense que c’est important. C’est vraiment important, ça aide à beaucoup de choses et puis après, voilà, il ne faut pas s’empêcher de vivre parce qu’on est gros en fait. C’est vrai que moi je le dis souvent, je n’ai pas l’impression même moi j’arrive à l’oublier complètement. Je sais que je suis grosse, mais ça ne me perturbe pas.

Sandra : Vous ne vous concentrez pas sur ça. Il y a des choses plus importantes dans votre vie, passer de bons moments avec vos amis, avec votre ami, avec vos parents, avec, enfin peu importe ce que vous faites. En fait, c’est ça qui est important sur le moment.

Audrey : Voilà, voire même j’en rigole parce que des fois avec mon compagnon, on se donne des petits surnoms par rapport à ça, et on en rigole, voire même avec ma mère et on en rigole aussi. On arrive à dédramatiser la chose. Je pense qu’il faut prendre un petit peu de recul et ne pas faire de son surpoids le centre de sa vie, puisque ce n’est pas ça à côté de beaucoup de choses, même si encore une fois, c’est peut être un peu facile de dire ça quand mon surpoids ne m’empêche pas littéralement de bouger. C’est vrai que là, ça devient un obstacle quand notre surpoids devient vraiment handicapant physiquement, on ne peut plus bouger, ça devient très compliqué de s’aimer. C’est vrai qu’après, ça devient plus compliqué.

Sandra : Mais, ce n’est pas impossible, comme disait  Nike « impossible is nothing ».

Audrey :                Voilà. Ce n’est pas impossible. Je pense qu’alors c’est vrai que par rapport aux vêtements je pense que c’est important d’avoir accès à des vêtements pour tout le monde. C’est vrai que même en grande taille, moi qui fait un 52, je trouve très bien ma taille maintenant et je pense des fois aux femmes effectivement qui arrivent au 60, 62, ça devient beaucoup plus difficile et ça n’aide vraiment pas pour l’estime de soi quand on galère à trouver des vêtements dans lesquels on est bien et on se sent bien.

Sandra : Exactement

Audrey : Tout ça c’est hyper important et surtout la société elle a encore des progrès à faire sur… Parce que voilà, effectivement par l’obésité qui est en progression. Mais, il faudrait se demander pourquoi elle est en progression aussi. Pourquoi il y a de plus en plus de personnes qui deviennent obèses.

Sandra : Oui, c’est la grande question de santé publique, on essaie de répondre à ces questions quand on est dans la recherche, alors forcément comme vous le dites, il y a énormément de causes de l’obésité. Ce n’es pas que logique « manger bouger », il y a énormément de facteurs qui entrent en jeu pour les chercheurs actuellement.

Audrey : Donc, c’est vraiment l’obésité en fait et tout un ensemble de choses, je pense qu’il faut arrêter de la considérer juste sous le jour de la nourriture en excès il y a vraiment plein de causes qu’il faut…

Sandra : Oui, il y a énormément de facteurs. Donc, on va rester sur ce message de fin et de réflexion du coup. Encore une fois merci énormément d’avoir accepté cette interview, je pense qu’elle peut vraiment motiver ou essayer d’aider les gens à avoir un certain déclic, de sortir de chez eux et d’apprendre à aimer leur corps. En tous cas, je l’espère ! Et je vous dis à bientôt sur le web. [Rire]

Audrey :                Je vous remercie aussi, c’est une discussion très intéressante. Encore une fois, je trouve votre démarche très intéressante j’espère que ça peut aider des gens à se sentir mieux puisque je pense que c’est hyper important pour envisager la suite des choses. Et avoir cette démarche… j’espère vraiment que ça apportera ses fruits et que des personnes en mal être sauront entendre ce message.

Sandra : Merci. C’est vraiment gentil. Du coup, je vous souhaite une bonne soirée.

Audrey : Merci bonne soirée.

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