Causes de l’obésité
Obésité, parlons-en !
Cet article fait parti du dossier spécial : "Obésité, parlons-en !"
Quand on travaille dans le domaine de l'obésité, un grand nombre de personnes nous confie la douleur "d'être gros", les remarques des amis, de la famille, des professionnels de santé...
"Il faut que tu maigrisses, si tu continues comme ça, tu vas mourir"
"Il est temps de te mettre au sport, parce qu'à cette allure tu ne verras pas ton fils grandir",
"Baleine comme tu es, tu te caseras jamais"
... bref, combien de fois avez-vous entendu ce genre de commentaires ?!
Au fait, avez-vous déjà lu le livre "Je veux maigrir" ? Je vous parle justement de 5 facteurs clés pour travailler sur soi-même, et oui, "manger-bouger" ne suffit pas pour maigrir... Télécharger le livre "Je veux maigrir" ici !
Comme si...
Les causes de l'obésité étaient simples et évidentes... Comme si, vous aviez choisi d'être en surpoids ou obésité ! Ou que vous n'aviez qu'à être "moins faignant" et "manger moins" !
Pourtant...
Aujourd'hui, justifier l'obésité par le simple fait de "trop manger" et de ne "pas bouger assez" en pointant du doigt les personnes atteintes de cette maladie n'a plus aucun sens.
Il est vrai que l'obésité est dû, dans la très grande majorité des cas, a un déséquilibre énergétique entre les calories consommées et dépensées. Néanmoins, il ne faut pas oublier que ce déséquilibre n'est pas provoquer intentionnellement par la personne, juste pour le plaisir d'atteindre l'obésité. Il est donc important d'aller plus loin dans l'explication de "manger-bouger" !
En effet, les causes de l'obésité sont complexes, car ce déséquilibre énergétique est le résultat d'une interaction entre des facteurs biologiques, comportementaux, psychologiques, sociaux et environnementaux.
Faisons un point :
Le déséquilibre energétique
Le déséquilibre énergétique est plutôt simple à comprendre. Si nous consommons trop de calories par rapport à celles que nous dépensons, alors notre corps commencera à stocker cette énergie. Néanmoins, je vous rassure, ce n'est pas un repas copieux qui aura un important impact sur votre poids. En effet, une prise de poids considérable sera susceptible d’apparaître qu'après une longue période de déséquilibre énergétique.
Apport énergétique :
L'apport énergétique correspond à tous ce que vous mangez et buvez. Chaque aliment a des valeurs énergétiques différentes.
Dépense énergétique :
Nous dépensons de l'énergie sous trois formes :
- Le métabolisme de base (énergie minimum nécessaire pour se maintenir en vie. Et oui, notre corps a besoin d'énergie pour faire battre notre petit cœur, pour respirer, pour amener de l’oxygène à notre cerveau, etc.)
- La thermogenèse post-prandiale (production de chaleur après le repas)
- L'activité physique ( ce qui ne veut pas dire sport ! L'activité physique correspond aux mouvements produits par les muscles, comme marcher, jardiner, monter les escaliers, etc. Quant au sport, il est plutôt associé à l'obtention d'un résultat ou d'une performance, souvent dans un contexte de compétition.)
Du côté de la biologie...
Et oui, la biologie a sa part de responsabilité sur les causes de l'obésité ! Les gènes, l'héritabilité, les maladies, le sexe, l'âge... Bref, regardons de plus près :
Les gènes et l'historique familial
Certaines personnes ont plus de probabilité d'être atteint d'obésité que d'autres dès la naissance. En effet, plusieurs études ont démontré, qu'avoir des parents avec un IMC supérieur 35 (obésité) augmente fortement la probabilité que l'enfant souffre à son tour d'obésité. Avoir cette prédisposition rend plus difficile la perte de poids pour obtenir un IMC normal.
Mais, attention !
Bien que pointé le doigt sur la génétique soit une raison confortable pour expliquer son obésité, elle n'a pa vraiment lieu d'être ! En effet, la génétique est souvent comprise comme : "La personne a le gene X d'une maladie, alors elle aura cette maladie". Néanmoins, la réalité de la génétique est un peu différente... Et oui, dans la plupart des situation, avoir le fameux gene X ne suffit pas pour que cela soit visible dans la vie réelle, l’environnement a un rôle important. C'est l'interaction gène-environnement qui produira des effets sur chaque personne. C'est pour cette raison que dans le même environnement propice à l'obésité (exemple, manque d'activité physique et de sommeil, suralimentation, problèmes psychologiques), la personne prédisposée aura plus de probabilité de développer un surpoids ou obésité.
On ne peut pas changer nos gènes, mais on peut agir sur notre environnement et comportements #obésité
Femmes vs. Hommes
Mesdames, désolée de vous l'annoncer, mais aujourd'hui la science pense bien que nous avons des processus physiologiques qui contribuent à l'accumulation de masse graisseuse.
A chaque âge son risque de prendre du poids...
Dans le ventre de sa maman... le poids du bébé est influencé par les comportements de sa maman et de sa façon de manger. Certaines études ont montré un lien entre la croissance intra-utérine (dans le ventre de la maman) et le risque d'obésité au long de la vie.
Pendant l'enfance et l'adolescence... Petit à petit l'enfant devient autonome et commence à adopter ses propres comportements qui peuvent influencer l'obésité...
Le début de l'âge adulte... Cette étape vous devez vous souvenir plus facilement ! C'est à cette période que nous commençons à moins bouger et surtout à avoir moins le temps pour cuisiner avec l'entrée dans le monde du travail...
La ménopause... A l'âge de la ménopause, on observe souvent une prise de poids. Néanmoins, aujourd'hui, la raison pour laquelle cela arrive n'est pas encore claire.
Les maladies (et les médicaments)...
Certaines maladies peuvent en effet contribuer à la prise de poids, comme quelques maladies endocrinologiques, certaines tumeurs, etc. Néanmoins, les personnes atteintes d'obésité pour cette raison sont extrêmement rares !
Certains médicaments utilisés sur le long terme peuvent favoriser la prise de poids, il est important de bien s'informer au près de son médecin.
Du côté de la tête...
Du côté de la psychologie, on arrive très vite au problème : qui est né en premier, l'oeuf ou la poule ? En effet, la psychologie fait partie des causes de l'obésité, mais aussi des conséquences. Il est parfois difficile de savoir si c'est un trouble psychologique qui a accentué un problème de poids ou l'inverse... Il est tout de même important d'en parler ! Car même si les facteurs psy sont une conséquence, il va falloir y remédier pour améliorer la problématique du poids...
En tant que psychologue, je suis très souvent confrontée à des scénarios incroyables, avec des histoires de négligence parentale, de violence à la maison, le décès soudain d'un proche, le stress au travail, une rupture conjugale, etc. Bref, des histoires de vies difficiles qui augmentent la détresse et peuvent avoir un effet néfaste avec la relation avec notre corps, notre alimentation et activité physique...
Les troubles alimentaires, comme la boulimie et l’hyperphagie peuvent être déclenchés par les situations citées ci-dessus. L'alimentation devient une sorte de refuge pour faire face aux problèmes, c'est ce que l'on appelle l'alimentation émotionnelle. Il se peut aussi que l'éducation à la maison est une influence sur notre relation à l'alimentation. Prenons l'exemple des personnes qui ont vécu la guerre et la faim, elles ont dans la plupart des cas appris à leurs enfants qu'il ne fallait rien gâcher, qu'il fallait tout manger même s'il y en avait de trop dans l'assiette. Après plusieurs années à vivre comme cela, l'enfant, devenu adulte, a de forte chance de ne plus reconnaître sa faim.
L'évolution de la société et de notre environnement...
L'industrialisation et la globalisation ont, certes, amélioré notre vie sur plusieurs aspects, mais elles ont aussi amené à des nouveaux problèmes sociétaux (rythme de vie plus stressant, divorces, surpopulation, chômage, etc.). Notre société a beaucoup changé au fil des dernières années, ce qui a forcément influencé notre mode de vie.
L'impact sur l'alimentation et l'activité physique
En ce qui concerne l'alimentation, la plupart des aliments sont disponibles en toute saison et beaucoup de produits sont hautement transformés ce qui diminue la qualité nutritionnelle. D'un autre côté, nous avons un mode de vie plus sédentaire, que ce soit au travail ou à la maison.
Le niveau socio-economique et le niveau d'instruction
La recherche a montré à plusieurs reprises un lien entre les niveaux socio-économiques les plus bas et des taux d'IMC plus élevés (dans les pays développés). Les mêmes résultats ont été trouvé pour les personnes moins instruites. De façon générale, les personnes dans des situations économiques plus difficiles ou les personnes avec un niveau d'instruction moins élevé ont tendance à faire moins d'activité physique et mangent des aliments plus énergétique.
Le marketing et les médias
Un des gros problèmes dans notre société est que les campagnes des lobbies et des industriels sont bien plus convaincantes que celles de santé publique ! En même temps, entre des messages du genre "Maigrissez 10 kg en 1 mois avec ce super régime" et "Essayer de perdre 5% de votre poids cette année"... Je vous l'accorde, on a envie de foncer et croire à la première option ! Les lobbies nous vendent du rêve, nous donnent de l'espoir et nous donnent des témoignages convainquants... (même si on connait bien le résultat des régimes après les avoir testés !).
De plus, les industriels investissent des millions chaque année pour faire rentrer dans votre petite tête que leur super nouveau chocolat est le meilleur du monde ou que boire du soda c'est cool ! Pire, ils nous montrent qu'on économise de l'argent avec leurs supers promos et, du coup, cela ne coûte pas si cher d'acheter leurs produits ! Malheureusement, notre cerveau est grandement influencé par les pubs et même si vous n'y croyez pas, vous achetez très souvent des choses que vous avez vu à la TV, dans un arrêt de bus, ou entendu à la radio... C'est de la vraie manipulation !
Les consommateurs
C'est le moment de blesser les égos et pas que le votre, le mien aussi !!
C'est un peu le chat qui se mort la queue.. Nous, consommateurs, sommes de plus en plus exigeant sur les prix (c'est la crise, il faut économiser !) et sur la facilité de consommation (nous n'avons pas le temps !). Les lobbies répondent à nos attentes pour être sûr de vendre, c'est l'invention de la restauration rapide, des plats préparés, des super promos pour les aliments plus riches en gras et en sucre, c'est l'accès facilité pour acheter une voiture, l'accès des transports.. Et c'est parti pour les campagnes de pub, on achète... et hop, c'est une histoire sans fin !
Donc, oui, si aujourd'hui nous dépensons moins et nous consommons plus, c'est aussi de notre faute !
L'influence culturelle
Notre culture influence notre alimentation sous la pression des groupes sociaux (famille, amis, collègues de travail, etc.), les pratiques religieuses, la qualités attribuées à certains aliments, etc.
Les américains donnent l'exemple de leur famille (et je pense qu'en France, ce comportement est plutôt fréquent) : les parents encouragent souvent leurs enfants à manger certains aliments en leur promettant d'être récompensé par d'autres aliments. L'exemple classique : "si tu manges ta soupe, tu pourras manger ta crème dessert". Ce comportement va provoquer chez l'enfant une croyance que c'est normal de ne pas aimer "les bons aliments" et de préférer "les mauvais" donnés comme récompense (Et je mets bien "bon" et "mauvais" entre guillemets, car vous savez déjà ce que j'en penses, voir ici).
Certaines cultures vont donner beaucoup d'importance à la santé, la forme et l'activité physique. D'autres vont privilégier certains schémas corporels. Par exemple, dans certaines cultures, la prise de poids après le mariage symbolise le fait que le mari subvient correctement aux besoins de sa famille ou encore, que la femme est bonne épouse et bonne cuisinière. Dans la majorité des pays occidentaux, la minceur est souvent considérée comme la perfection, le succès et l'obésité comme la fainéantise ou l'absence de volonté (attention, cela ne veut pas dire que je pense ainsi, hein ?! )
Les comportements de chacun...
Outre l'alimentation et l'activité physique, d'autres comportements individuels peuvent influencer la prise de poids :
Le sommeil
Le manque de sommeil est un facteur de risque pour la prise de poids. On a tous déjà mangé un peu plus que d'habitudes ou grignoté parce qu'on se sentait fatigué. Et puis, qui a envie de bouger quand on est fatigué ? Alors, imaginez les conséquences sur les personnes qui dorment peu sur le long terme..
Le tabac
"J'ai pris X kg quand j'ai arrêté de fumer".. Vous avez certainement déjà entendu cette phrase ! Quand vous fumez, cela diminue votre sensation de faim, et pour cette raison vous avez tendance à moins manger. Du coup, forcément, à l'arrêt vous aurez d'avantage faim, ce qui peut engendrer une prise de poids. Néanmoins, en cas d'obésité, il est préférable d'arrêter de fumer que de perdre du poids, car le tabac a un impact plus important sur les maladies associées à l'obésité et la mortalité !
Les régimes
N'oublions pas les régimes ! Et oui, après avoir fait la course aux régimes amaigrissants, amincissants, étonnants, mirobolants, draconiens, etc. vous avez plus de risques de reprendre du poids après chaque étape et d'arriver au surpoids ou à l'obésité ! Le pire, les régimes chamboulent votre corps à tel point, qu'il sera de plus en plus difficile de perdre du poids. Alors, mieux vaut réapprendre à manger, certes, ce sera un processus plus long, mais tellement plus efficace !
Cette liste n'est qu'un exemple de certains facteurs, plein d'autres sont actuellement étudiés par les scientifiques, afin de mieux comprendre l'obésité. Cet article laisse tout de même une vision globale sur le fait que l'obésité, n'est pas qu'un simple problème de "manger-bouger" !